Europe - USA : SYRIZA veut faire échouer le traité de libre-échange
Depuis lundi (2 février 2015) s'est ouvert à Bruxelles le huitième round des négociations du traité transatlantique de libre-échange (TTIP) entre l'Union européenne et les États-Unis. En gestation dès 2011 mais réellement débattu que depuis l'été 2013, ce projet d'accord vise à faciliter davantage les échanges économiques entre les deux continents qui pèsent à eux deux 45 % des échanges mondiaux. Une délégation de Washington est donc arrivée à Bruxelles pour tenter d'avancer sur cet épineux dossier qui se heurte à l'hostilité d'une partie de la classe politique européenne, notamment d'extrême gauche. Cette semaine de négociations s'annonce vitale pour le devenir du TTIP, censé amener 0,5 % de croissance supplémentaire au continent européen grâce à une harmonisation des normes entre les deux continents.
Mais depuis le précédent round de négociations qui s'étaient tenu à Chevy Chase dans le Maryland en septembre dernier, un séisme politique est venu secouer la Grèce avec la victoire de Syriza. Le nouveau gouvernement à Athènes a déclaré hier qu'il comptait utiliser son droit de veto pour faire sombrer ce traité économique s'il était signé. «Je peux vous assurer qu'un parlement où Syriza détient la majorité ne ratifiera jamais l'accord de libre-échange» a déclaré Georgios Katrougkalos, ministre adjoint pour la réforme administrative.
En effet, actuellement c'est la Commission européenne de Jean-Claude Juncker qui mène les négociations avec l'administration Obama pour le compte de l'Europe. Mais en cas d'accord (qui n'interviendrait que fin 2015, début 2016), le traité devrait être validé par le conseil des chefs d'états européens puis encore ratifié par les 28 parlements nationaux. C'est durant cette étape que le gouvernement grec veut utiliser son veto pour bloquer le TTIP.
Le gouvernement grec rejoint la position de plusieurs mouvements politiques d'extrême gauche en Europe qui ne souhaitent pas ajouter une dose supplémentaire de libéralisme sur le Vieux continent. En cause notamment, l'harmonisation des normes, notamment en matière agricole qui cristallise des crispations parfois infondées.
Ces négociations seront suivies de près par les industriels européens (automobile, aéronautique…) qui voient dans le TTIP un levier pour intensifier le commerce, baisser les coûts, améliorer la compétitivité et donc créer des emplois. Le nerf de la guerre actuellement…
Que négocie-t-on dans le TTIP ?
Ce nom barbare de TTIP signifie «Transatlantic Trade and Investment Partnership». Le but de l'accord de libre-échange est d'abaisser les barrières douanières là où elles existent encore mais surtout de lever les barrières non tarifaires ou du moins les harmoniser entre l'Europe et les USA. Il s'agit de toutes les normes de sécurité, environnementales, les obstacles réglementaires… qui pénalisent les échanges entre les entreprises américaines et européennes. Un sujet qui a fait polémique dans la première phase des échanges (la création d'un tribunal arbitral permettant à une entreprise d'attaquer un état en cas d'entrave au commerce) a été mis de côté. Au menu donc des échanges cette semaine : la reconnaissance des appellations d'origine contrôlée, l'ouverture des marchés publics américains, l'harmonisation des normes dans l'industrie.