Force ouvrière (FO) a lancé un appel à une journée de grève intersyndicale contre l'austérité mais fait chou blanc auprès de la CFDT et des "réformistes".
Le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, et le patron de FO, Jean-Claude Mailly, le 19 janvier 2015
Grève contre l'austérité : les syndicats divisés
Jean-Claude Mailly a été mandaté lors du congrès de FO à Tours. Sa mission ? Lancer une "journée nationale de grève" contre les politiques d'austérité, si possible avec d'autres syndicats. Dans son viseur ? Le pacte de responsabilité et le projet de loi Macron. "Quand on n'est pas entendu, il faut passer une vitesse supérieure" c'est-à-dire "une journée de grève" pour "faire bouger le gouvernement et le patronat", avait-il averti au Congrès la semaine dernière.
Le numéro de FO a ainsi convié toutes les centrales, les contestataires - CGT, Solidaires, FSU - et les réformistes - CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa- à une intersyndicale mardi 17 février 2015 à 17h30 au siège parisien de FO. Bien accueillie par la CGT et les contestataires, l'invitation a été déclinée par la CFDT et les réformistes.
Une délégation de la CGT participera à la rencontre - pas son nouveau numéro un Philippe Martinez - de même que des dirigeants de Solidaires et de la FSU. Michelle Biaggi et Pascal Pavageau seront autour de la table pour FO. Mais les centrales réformistes ne sont pas sur cette longueur d'ondes.
"La CFDT ne participera pas à cette réunion", a indiqué sa numéro deux, Véronique Descacq. "Une opération de contestation sur des mots d'ordre très généralistes, et non sur des objectifs précis, ce n'est pas le message que nous voulons adresser aux salariés", a-t-elle expliqué.
Même son de cloche de la CFE-CGC: "Nous n'irons pas à la réunion, pas plus qu'à une manifestation ou à une grève", a affirmé sa présidente Carole Couvert. "Être dans la rue ne règlera rien" et "nous préférons consacrer notre énergie pour peser dans le débat parlementaire autour du projet de loi Macron, notamment sur le volet épargne salariale", a ajouté la responsable du syndicat des cadres. "Après les attentats contre 'Charlie Hebdo', il faut rassembler pour construire plutôt que pour contester", estime-t-elle.
Le numéro un de la CFTC, Philippe Louis, ne sera pas non plus présent mardi : "nous sommes pour le pacte de responsabilité et ce n'est pas le moment de donner un signal contraire", affirme-t-il. Également dans le camp réformiste, le numéro un de l'Unsa, Luc Bérille, "ne s'associera pas" à l'initiative de FO, car "ni sur la forme, ni sur les objectifs, nous n'avons la même analyse". "Sur la forme, je ne vois pas les salariés français se mettre massivement en grève. Cette forme d'action ne me paraît pas du tout adaptée",.
FO va donc une nouvelle fois se retrouver en compagnie de la CGT, de Solidaires et de la FSU, avec lesquelles depuis deux ans elle a battu le pavé à plusieurs reprises, notamment contre la réforme des retraites et le pacte de responsabilité.
"Cette intersyndicale est une bonne nouvelle", a affirmé Éric Beynel, l'un des porte-parole de Solidaires, car "il y a des points de convergences entre nous sur la situation catastrophique de l'emploi et les conséquences de la politique d'austérité". Le débat mardi devrait tourner notamment autour des modalités d'action. Philippe Martinez a déjà proposé une journée nationale de mobilisation au début du printemps dans le cadre d'une "unité syndicale la plus large possible".
Le succès de l'initiative tient de la gageure: les manifestations de rue depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir en 2012 n'ont pas fait le plein auprès des salariés et sont restés parfois cantonnés aux cercles de militants. Philippe Martinez avait imputé l'insuccès notamment à l'absence d'unité syndicale. Cette fois encore cela sera le cas.
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