GRÈCE: le retour au SMIC à 750 euros est reporté … il sera négocié et conditionné à des cadeaux aux entreprises
Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/
Le temps des folles promesses semble déjà révolu pour le nouveau gouvernement grec, l'heure est au réalisme. Face à la levée de boucliers patronale, Tsipras et ses ministres rassurent : le SMIC à 750 euros, ce n'est pas maintenant et ce ne sera pas sans compensation pour le patronat.
Le syndicat de classe PAME – lié fortement au Parti communiste grec – avait mis en garde la semaine dernière sur l'intention du gouvernement SYRIZA de revenir sur ses promesses électorales, et de ne pas rétablir le SMIC à son niveau d'avant 2012, soit 750 euros.
La presse grecque confirme et relaie les propos du Ministre du Travail Panos Skourletis qui se veulent rassurants, enfin pour le patronat grec.
Skourletis a confirmé que l'augmentation-rétablissement du salaire minimum de 480 à 750 euros ne serait pas mise en œuvre dans l'immédiat ni appliquée en une seule fois, elle serait négociée avec les « partenaires sociaux » et graduelle.
Tentant de souffler le chaud et le froid, le Ministre a insisté sur une « situation contradictoire », où il veut prendre des mesures mais est confronté aux résultats de la situation antérieure : « le tout, c'est que le bilan soit positif. Que le vent du changement souffle ».
Au-delà de ce lyrisme réaliste, Skourletis a confié une autre réalité bien prosaïque : aucune augmentation du salaire minimum sans contre-partie pour les entreprises.
« Elle (tout augmentation du salaire minimum) devra être articulée à des arrangements spécifiques qui donneront aux entreprises un peu d'air. Par exemple, les dettes des entreprises vis-à-vis des banques et fonds de pension pourront être reconsidérées ».
Le ministre a également évoqué une série d'exonérations fiscales patronales, qu'il souhaiterait voir appliquer avant tout aux petites et moyennes entreprises. Des déclarations qui ont de quoi susciter un scepticisme légitime :
les « PME » ne sont-ils pas toujurs l'alibi pour des exonérations fiscales au moyen et grand capital ? La « reconsidération » des dettes des entreprises, au cas par cas, n'est-ce pas la porte ouverte à une nouvelle forme de clientélisme ?
Il ne faut pas non plus oublier que le parti de droite extrême « Grecs indépendants » est connu – outre sa défense des privilèges des armateurs et de l'Eglise, et sa promotion d'une Armée forte – pour son insistance sur le soutien aux entrepreneurs endettés et criblés d'impôts.
La négociation d'un compromis SYRIZA-Grecs indépendants – hausse du salaire minimum vs exonérations fiscales patronales – est probable. On voit mal en quoi ce compromis constituerait une solution progressiste à la situation de travailleurs de Grèce.
Dans le même temps, le ministre de l’Économie Varoufakis indiquait lundi que si la privatisation du port du Pirée serait suspendue, il excluait toute « remise en cause des privatisations déjà réalisées », prétendant que ce serait « peu sage ». Une nouvelle version du « Ni-ni »
Combien de temps le « moment SYRIZA » va-t-il encore durer ? Au rythme des promesses déjà remisées, des espoirs en un bras de fer institutionnel qui semblent briser sur le « mur de l'Union européenne », la question se pose d'ores et déjà.