Le 49 ter est de retour [Informations Ouvrières]
L’ÉDITORIAL d’INFORMATIONS OUVRIÈRES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI
Que Hollande et Valls aient dû convoquer le Conseil des ministres, en toute urgence, ce 17 février, pour décider de recourir à l’article 49 ter ; qu’immédiatement après, Valls se soit précipité à l’Assemblée nationale pour faire passer la loi Macron malgré une « majorité incertaine » ; voilà qui, spectaculairement, marque le franchissement d’une nouvelle étape dans la crise majeure de la Ve République.
C’est un fait que certains députés socialistes (dont Benoît Hamon) avaient fait savoir qu’ils voteraient contre, et d’autres qu’ils s’abstiendraient. Mais il est frappant qu’après quelque hésitation, l’UMP ait choisi de ne pas sauver la mise au gouvernement.
Naguère conseiller des présidents et ministres de droite, Soubie avait pourtant déclaré qu’il aurait voté pour. Le Parisien s’interrogeait : « Mais pourquoi la droite n’en veut pas ? » En réalité, bien que l’UMP était évidemment d’accord sur le contenu des mesures dictées par la classe capitaliste, elle craignait d’aggraver sa crise de décomposition en se compromettant dans une improbable opération de sauvetage du gouvernement.
Il ne restait plus que le 49 ter.
L’ironie veut que ces événements se soient déroulés quelques heures seulement après que la Commission européenne eût adressé au gouvernement grec un ultimatum sans appel : vous obtiendrez un étalement éventuel du remboursement de la dette à condition de maintenir le programme des contre-réformes et tout particulièrement celle concernant les retraites.
Le ministre allemand Schaüble l’a dit avec brutalité, dénonçant un gouvernement qui se comporte de façon « assez irresponsable ». Moscovici n’y est pas allé de main morte non plus : « Il n’y a aucun plan B (…). Il n’y a pas d’alternative à la prolongation du programme » (dicté par la Commission européenne — NDR).
En Grèce, les manifestations se multiplient. « Je suis sidérée des propos de Schaüble », déclare une manifestante, qui ajoute : « Pour qui se prend-il ? Ce gouvernement, on l’a élu justement parce que l’on veut en finir avec l’austérité. Et ce seraient nous les irresponsables ? »
Il s’agit, concernant la Grèce, d’imposer la « baisse du coût du travail » exigée par le capital financier et l’Union européenne. Il s’agit, concernant la France, d’imposer la loi Macron de déréglementation des droits ouvriers et de facilitation des licenciements. Dans les deux cas, il s’agit de contraindre la classe ouvrière à une surexploitation sans limite.
Mais pour y parvenir, capitalistes et gouvernements à leur service n’ont d’autre choix, face à la résistance des travailleurs et des peuples, que de recourir, chaque jour davantage, aux institutions les plus antidémocratiques, celles de l’Union européenne et celles de la Ve République. Jusques à quand ?
Légitime est la mobilisation grandissante du peuple grec pour faire respecter la démocratie, c’est-à-dire son droit à défendre ses conquêtes collectives et sa souveraineté contre les diktats des banquiers et des spéculateurs, et de la Commission européenne à leur service.
Légitime est le mouvement qui se cherche dans la classe ouvrière de notre pays, pour réaliser l’unité des travailleurs et des organisations contre la loi Macron et le pacte de responsabilité, pour bloquer le gouvernement Hollande-Valls et sa politique.
La légitimité et la démocratie sont du côté des classes ouvrières et des peuples qui combattent pour la défense des droits.
La légitimité et la démocratie mettent à l’ordre du jour le combat politique pour en finir avec les institutions de la Vème République et les institutions de l’Union européenne.
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