Papeterie Chapelle Darblay (Seine-Maritime) : Les salariés déterminés contre le plan de licenciements
Des négociations se sont tenues mercredi 28 janvier 2015, sur fond de menaces sur 196 emplois.
Le conflit social se poursuit, à la papeterie Chapelle Darblay à Grand-Couronne, près de Rouen (Seine-Maritime), où 196 postes sont menacés (sur un effectif total de 365 salariés). Le groupe industriel finlandais UPM-Kymmene prévoit de fermer quatre machines à papier en Europe, dont une sur son site de La Chapelle-Darblay.
À l’appel de la CGT, des salariés protestent contre ce plan et demandent une prime de 2 000 euros par salariés pour préjudice moral. Aux négociations avec la direction (NAO = négociations annuelles obligatoires), après avoir refusé en bloc les demandes des salariés, la direction est contrainte de revenir à la table des négociations.
Le mardi 27 janvier 2015, dans l’après-midi, les salariés se sont invités à la salle de réunion où se trouvaient les cadres et directeur. Ces derniers ont été “retenus” de manière symbolique jusqu’en début de soirée.
Sur son site, le syndicat CGT de la Chapelle-Darblay se félicite de cette action :
« Suite à une très bonne action, ce mardi après midi, les salariés ont gagné une première bataille, les négociations reprennent demain matin, mercredi (Ndlr : mercredi 28 janvier 2015) à 10h. La direction a dit qu’elle venait avec des billes, tant pour les AGS ( régime de garantie des salaires ) que pour la prime de préjudice moral subi depuis l’annonce du 13 novembre. »
La lutte pour l’emploi se poursuit.
Les Pap chap sont décidés à se battre jusqu’au bout pour « soit faire revenir UPM sur sa décision d’arrêt », soit le laisser s’en aller à condition qu’il laisse la machine qu’il voulait vouer à la casse.
Sur le site de la FILPAC CGT Chapelle Darblay, les papetiers posent des questions et font des propositions :
« De multiples contacts se prennent à l’initiative de notre fédération et de toutes ses branches, dont les imprimeries. »
Ils posent la question du produire en France et de l’indépendance de la presse française :
« Si Chapelle Darblay située à 130 km de Paris ferme demain ou après-demain, qui approvisionnera nos imprimeries parisiennes et aussi tout l’ouest de la France ? »
Ils posent la question de la transition énergétique et de la localisation des sites industriels près des acheteurs :
« Les bobines feront combien de kms, il sera brûlé combien de gasoil pour les transporter, et surtout à quel prix au bout ? »
Ils posent la question des investissements réalisés par les collectivités locales pour le tri sélectif, investissements réalisés avec l’argent des contribuables qui voudraient bien que ces efforts profitent aux industries locales, en l’occurrence à la papeterie Chapelle Darblay peut traiter les vieux papiers et qui a des machines performantes, des papetiers hautement qualifiés pour cela:
« La filière d’approvisionnement vieux papiers ne va-t-elle pas être complètement chamboulée, la collecte sélective ne risque-t-elle pas d’être remplacée ou avalée uniquement par la loi du marché, ne va-t-elle pas comme les productions futures UPM ne finirent qu’en Allemagne ? »
Ils posent enfin la question de la responsabilité de l’Etat qui ne doit pas laisser démanteler la filière papetière en France. Ce qui veut dire aujourd’hui, qu’il doit s’opposer à la destruction d’une machine qui peut produire le papier dont nous avons besoin pour la presse, pour les sacs d’emballage…
« Ne serait-il pas plus intelligent, plus social, judicieux, lucratif ou beaucoup moins contraignant de garder notre bonne usine en totalité, avec sa matière première, son énergie et sa bonne production ? »
En effet, c’est l’Etat qui doit faire le point sur les besoins de papier, de papier journal en France, sur les capacités de production en France, sur le papier et la pâte à papier importée. C’est l’Etat, en grande partie, qui finance la presse. Il doit intervenir. Car c’est de l’emploi qu’il s’agit et l’emploi est un problème national.
Bien sûr il faudrait pour cela affronter l’Union européenne et son dogme « concurrence libre et non faussée ». Mais n’est-ce pas cela que devrait faire un gouvernement soucieux de l’emploi en France ?
Mais ce gouvernement Hollande-Valls-Macron semble davantage vouloir plaire aux firmes multinationales comme UPM et mettre en œuvre les dogmes européens qu’ils ont eux-mêmes adopté, dans les conseils européens et dans les différents traités signés. Et ces dogmes ne sont pas faits pour l’emploi en France, mais pour faciliter le redéploiement des firmes multinationales.
Seule la lutte des salariés eux-mêmes peut faire fléchir le patronat UPM et le gouvernement. C’est ce que font les papetiers. Chaque jour et chaque semaine.
Le 30 janvier 2015, ils étaient à Paris pour le CCE à Paris.
Et le 17 Février 2015, ils s’apprêtent à défiler à Rouen avec les papetiers de France, à l’appel de la FiL PAC CGT et de l’UD-CGT de Seine-Maritime, pour une action nationale papetière et une action régionale pour l’emploi.
PS : On notera que le PSO – Plan de sauvegarde de l’emploi –désigne le plan de suppression des emplois. Tout comme « dialogue social » désigne ces réunions où les patrons, appuyés par le gouvernement, souvent aussi par les médias, somment les salariés de renoncer à leurs acquis baptisés pour l’occasion « avantages ».
Dernière minute, vu sur le site des Pap Chap : Sortie de conflit au PAP CHAP, la négociation annuelle obligatoire 2015, scellée après 56 heures de conflit.
La délégation CGT et la direction se sont rencontrées pour se mettre d’accord sur les propositions suivantes permettant d’établir un protocole de sortie de conflit.
Les salariés en lutte s’étaient prononcés « POUR » à l’unanimité quelques minutes avant.
Et pour en savoir davantage, allez sur le site de la FIL PAC CGT Chapelle Darblay.