Philippe MARTINEZ, un faux « dur » à la tête de la CGT pour quelle orientation ?
CGT : Philippe Martinez, un pragmatique qui cultive une image de dur
Dans la France des accents, il en est un qu’on a tendance à oublier. C’est celui du Parigot. Philippe Martinez, cinquante-trois ans, est un enfant de la banlieue francilienne, passé par Renault Billancourt, et cela s’entend. L’actuel patron des métallurgistes CGT, qui a officiellement succédé à Thierry Lepaon mardi , n’a assurément pas le look tiré à quatre épingles de ce dernier. Il préfère la parka noire au caban gris. Il n’a pas non plus la coupe de cheveux très seventies de Bernard Thibault. Lui, ce sont les bacchantes. Noires et très fournies, elles renforcent un côté bourru, dont il ne se prive pas de jouer, parfois avec humour. Exemple ? Lors de sa première conférence de presse comme « possible futur secrétaire général » de la CGT, début janvier, il a expliqué que ce rendez-vous « donn [ait] l’occasion de vérifier qu’[il] a des moustaches, et que ce sont des vraies ». Et d’ajouter pince sans rire : « Je préfère les tirer moi-même, plutôt que vous ne tiriez chacun à votre tour ! »
« Anarchiste »
Ce qui est sûr, c’est qu’elles contribuent à entretenir son image de dur… Qui n’est pas qu’une image, et c’est tout le paradoxe. A première vue, c’est l’inverse : ce métallo va être le premier secrétaire général de la CGT qui ne sera pas membre du Parti communiste depuis 1946. C’est une étape de plus dans la distanciation entre les deux organisations. Mais cela ne veut pas dire qu’il penche pour la social-démocratie ! Il est parti en 2002, en même temps que les autres communistes de Renault, son employeur d’origine, pour désaccord avec la suppression des sections PC d’entreprise proposée par Robert Hue. « Philippe, c’est un anarchiste », confie un communiste de la CGT.
Concernant la ligne syndicale, le futur numéro un n’est clairement pas parmi les plus chauds partisans de l’ouverture. « Ce n’est pas lui, c’est son prédécesseur à la tête de la Fédération de la métallurgie qui a rompu la guerre froide avec les autres syndicats et a plus engagé la CGT dans les négociations de branche, et il n’a pas creusé le sillon », rappelle un métallo d’une autre confédération. Il a deux leitmotivs, dit un autre : « La référence aux luttes et, ce qui la tempère, celle aux salariés, qu’il faut écouter. »
Mais cet Ardéchois de cœur a, à son actif, d’avoir réussi à rassembler, dans une Fédération de la métallurgie bousculée par la crise, avec en particulier des militants de Lutte ouvrière et du NPA dans la surenchère. « Il arrivait à tenir ses troupes chez Renault, ce qui n’était pas facile », se rappelle-t-on dans l’ancienne régie, qui reste encore aujourd’hui l’employeur de ce technicien passé par le paquebot de l’île Séguin. Il a plus récemment œuvré pour débloquer de gros dossiers comme Arcelor ou encore PSA Aulnay. Et, contrairement par exemple à la chimie, il veille à éviter que ses troupes tombent entre les mains d’avocats jusqu’au-boutistes, comme ce fut le cas à Goodyear Amiens.
« C’est un pragmatique, dur en affaires, mais qui peut être assez subtil », note un patron. Est-ce l’expérience de son entreprise – sur laquelle il reste encore très centré – et de l’échec de la CGT à y suivre l’évolution du salariat ? Sa fédération a en tout cas financé largement le travail de lutte de la CGT contre les discriminations. « Il a compris les nouveaux défis » auxquels est confrontée la centrale, estime François Clerc, un ouvrier de Sochaux en pointe dans ce combat.
L. de C., Les Echos
Comité Confédéral National du 3 et 4 février 2015
Élection du Bureau confédéral, de l’Administratrice
et du Secrétaire général
Lors de sa première séance de travail, le Comité confédéral national (CCN) de la CGT réuni les 3 et 4 février vient d’élire un nouveau Bureau confédéral composé de 10 membres. Pour être élu, le Bureau confédéral devait requérir deux tiers des voix représentés.
En votant pour à 88,8 %, les organisations du CCN ont donc élu :
- Fabrice ANGEI
- Colette DUYNSLAEGER
- Virginie GENSEL
- Pascal JOLY
- Denis LALYS
- Philippe MARTINEZ
- Grégory ROUX
- Marie SAAVEDRA
- Céline VERZELETTI,
- Gisèle VIDALLET
Ensuite, le CCN a élu à la majorité Colette Duynslaeger Administratrice de la confédération par 82 % des voix et Philippe Martinez, Secrétaire général par 93,4 % des voix.
Montreuil, le 3 février 2015