Rencontre du Comité National Républicain de Résistance à l'Union européenne du 7 février 2015 : Intervention de Pasquale NOIZET [Réseau « Faire vivre et renforcer le PCF »]
Je suis membre du Conseil National du PCF. Je suis aussi dans le réseau « Faire vivre et renforcer le PCF ». Je ne parle pas au nom du réseau. J’ai pris l’initiative de participer au boycott des élections européennes de 2014.
Les évènements tragiques qui ont traumatisé la France en janvier dernier sont les effets dérivés directement des politiques impérialistes occidentales. L’Union Européenne est au cœur de ces politiques, cette union que les Merkel, Cameron, Macron, Hollande et leurs prédécesseurs de droite et de gauche n’ont eu de cesse de rendre encore plus antisociale, en volant aux peuples leur souveraineté, en mettant le droit européen au service des multinationales. Ces politiciens au service de la bourse, nourrissent et parfois comme en Ukraine soutiennent la montée des fascismes identitaires européens et des intégrismes religieux en Europe, mais aussi au-delà des frontières de l’UE, au Mali, en Syrie, pour ne nommer que ceux-là.
Les massacres à Paris des 7 et 9 janvier ne se sont pas produits comme ça parce que des caricaturistes ont ris de Mahomet. Non, ils ont pu être perpétré grâce au laxisme plus que suspect des pays membres de l’Europe, notamment de la France avec le président Hollande qui a endossé l’uniforme du va t’en guerre. Le gouvernement n’a tenu compte d’aucun avertissement, n’a pris aucune véritable mesure pour empêcher que revienne comme un boomerang sur le territoire français le terrorisme qu’il a encouragé consciencieusement depuis 4 ans dans les pays musulmans sous prétexte d’ingérence démocratique et humanitaire.
La réaction populaire du 11 janvier a été récupérée de manière complètement hypocrite et grotesque par le défilé de l’aréopage de cinquante présidents dont les principaux leaders européens, ainsi que les organisateurs du terrorisme venus de Turquie, du Qatar et D’Arabie saoudite, et aussi le président ukrainien qui a fait tuer plus de 5 000 personnes depuis que l’UE et l’OTAN l’ont mis en place.
Cette Europe est devenue celle du chantage exercé par le moyen de la menace du terrorisme. Car le crime profite aux puissants qui voient bien que la crise politique qui fragilise les pouvoirs en Europe résulte de leur refus de gérer la société dans l’équité et la justice sociale. L’Union Européenne est une dictature d’un nouveau genre, qui comme toute dictature a besoin d’une autorité aveugle et directe sur le peuple, et de profiter du chaos pour l’imposer.
Nous sommes dans une urgence d’analyse et de réflexion, nous les militants dans notre diversité. Nous sommes arrivés à un point où il nous faut combattre un foyer allumé qui voudrait être changé en incendie, en peur et en terreur pas seulement à la télévision mais aussi dans nos rues. L’année 2015 peut être celle des guerres de religions orchestrées par ceux-là même qui ont communautarisé la société, et qui ont laissé en friche les quartiers où des familles ont été abandonnées au chômage, aux logements insalubres, à des lendemains sans espoir de jours meilleurs, et dont les enfants ont grandi dans une république à 2 vitesses. Mais l’année 2015 peut être aussi l’année de la guerre occidentale et européenne contre la Russie pour secourir le pouvoir néofasciste mis en place par l’UE et l’Otan en Ukraine.
Les gouvernements français et européens ont tenté de tirer profit des massacres parisiens avec le slogan « Je suis Charlie ». L’émotion légitime et spontanée a été exploitée sans vergogne. Présente le 7 janvier à la République, je ne suis pas revenue pour défiler le dimanche dans la sacro-sainte union nationale tant espérée et si bien ficelée par le gouvernement français et les médias, et repris dans les autres pays d’Europe et d’Occident.
Tout ceci ne peut que déboucher sur une guerre contre des pays arabes sous la direction de l’OTAN. On prétend ainsi que l’ingérence dans les pays arabes est légitime, comme si c’était encore des colonies. Et on place les peuples de France et d’Europe sous la double tutelle d’une Union supranationale et de son protecteur américain.
Nous ne pouvons pas en rester au constat. Il faut s’unir devant l’urgence de la situation, joindre nos forces, toutes nos forces, et arrêter de pinailler sur nos désaccords, car ils renforcent le Pouvoir et nous rendent inopérants face au géant que nous devons combattre. La guerre économique se mue en guerre sanglante : d’un côté on laisse des attentats se perpétrer (et on tue systématiquement les terroristes sans faire le moindre effort pour les amener devant un tribunal), de l’autre on va faire la guerre sans fin sous la houlette de l’Amérique et des gouvernements européens.
Je souhaiterais que notre réunion aboutisse à une action commune et concrète, et je rappelle à ce propos la date du trente mai, où se tiendra à Paris la manifestation unitaire proposée par les Assises du communisme, pour sortir de l'euro, de l'UE, et de l'OTAN. Le choix de la date est évidemment lié au 10ème anniversaire du « non » au traité constitutionnel européen. Il faudrait à cette occasion que le rassemblement démocratique, républicain et patriotique se fasse sur la base la plus large possible.
La récente élection en Grèce du social-démocrate Tsipras est la réaction salutaire d’un peuple qui n’accepte plus la tutelle de l’Union Européenne, et refuse à juste titre de payer une dette écrasante et injustifiée.
La fascisation de l’Europe et la montée du FN en France sont le résultat d’une politique économique et sociale qui est directement contraire aux intérêts des travailleurs et des classes populaires. Une politique d’éradication du chômage et de restauration des services publiques est nécessaire et elle est totalement impossible dans le cadre de l’U.E. ou du traité de libre-échange élargi à l’Amérique du Nord.
C’est pourquoi il me semble nécessaire que nous placions au centre de nos actions cette dimension populaire et sociale. En se battant pour les droits sociaux on se bat aussi pour la souveraineté nationale.
Nous avons aujourd’hui sous nos yeux des exemples de nombreux pays dans le monde qui défendent leur souveraineté et qui trouvent par leur propre chemin le succès économique. Des pays aussi riches et puissants que la France pourraient certainement y parvenir s’ils en avaient la volonté.
Il faut donner à cette résistance nationale un aspect populaire et concret directement compréhensible par tous.
Pasquale Noizet
Le 7 février 2015