Contre la RUSSIE, l’Union Européenne reste sur le pied de guerre économique… et médiatique [RUPTURES]
Le Conseil européen des 19 et 20 mars a traité notamment des relations que l’Union européenne entend entretenir avec la Russie. Un point qui n’a guère retenu l’attention des grands médias français – mais peut-être s’agit-il d’un détail sans importance ?
Toujours est-il que les Vingt-huit ont lié la levée des sanctions économiques contre la Russie à la mise en œuvre des accords signés à Minsk le 12 février (accords qui visent une désescalade des affrontements dans l’Est de l’Ukraine). Mais la prolongation desdites sanctions ne sera formellement actée que d’ici juillet prochain, date anniversaire de leur mise en place.
Cette décision a été interprétée par les observateurs comme un compromis entre les « faucons » face à Moscou (pays baltes, Pologne, Royaume-Uni, Pays-Bas…) et les « colombes » (Grèce, Hongrie, Italie, Espagne…). L’évaluation de la situation sur le terrain entre forces du régime de Kiev et insurgés du Donbass est donc cruciale. La thèse officielle européenne est que Moscou est coupable des succès militaires remportés par les rebelles, et continue d’armer ceux-ci.
Les dirigeants américains veillent régulièrement à ce que cette « conviction » ne faiblisse pas. Ce fut à nouveau le cas ce week-end lors de la conférence baptisée « forum de Bruxelles », où sont intervenus la responsable du Département d’Etat US chargée de l’Ukraine, Victoria Nuland, et le général américain Philip Breedlove. Ce dernier a martelé : « nous continuons à voir des éléments de déstabilisation traverser la frontière totalement poreuse (entre la Russie et l’Est ukrainien), comme des équipements anti-aériens, de commandement et de contrôle, et des munitions supplémentaires ». Une affirmation qui n’a été étayée par aucune preuve.
Les deux Américains ont confirmé que les Etats-Unis n’écartent aucune hypothèse : « nous voyons que des outils diplomatiques sont utilisés (par la Russie, NdlR) contre l’Ukraine, des outils militaires, des outils économiques, donc nous, à l’Ouest, nous devrions envisager l’emploi de tous ces outils » a estimé le général Breedlove, qui est également à ses heures perdues commandant en chef des forces de l’OTAN.
A Bruxelles, on insiste sur les outils médiatiques. Le Conseil européen a estimé que Moscou se livrait à des campagnes de « désinformation » auprès des populations de l’UE. Les Vingt-huit ont donc missionné le service diplomatique européen pour « en coopération avec les Etats membres et les institutions de l’UE, préparer un plan d’action d’ici juin visant à soutenir la liberté des médias ». Une équipe de professionnels va être mise en place comme « première étape dans cette perspective ».
Cela fait écho à des initiatives proposées par plusieurs Etats membres parmi les plus hostiles à Moscou. L’Estonie, la Lituanie, le Danemark et la Grande-Bretagne avaient ainsi plaidé pour des télévisions chargées de faire pièce aux chaînes russes qui sont notamment très écoutées par les russophones des pays baltes. Pour sa part, la Lettonie avait suggéré des « régulateurs » et de nouvelles lois pour restreindre la diffusion de celles-ci. Enfin, la Fondation pour la démocratie en Europe (EED) – lancée en 2012 par l’UE sur une base non institutionnelle – va utiliser une subvention néerlandaise pour mettre en place un groupe de quatre-vingt dix experts en communication et de professionnels des médias pour répondre à la « propagande russe ».
Par ailleurs, on apprenait ce lundi (23 mars) que la filiale ukrainienne de la chaîne européenne Euronews s’est vu retirer sa licence pour émettre sur le territoire de ce pays. Euronews est pourtant un émetteur subventionné par Bruxelles à l’échelle de l’UE. Les autorités de Kiev ont pris cette décision après qu’un oligarque de ce pays, Dmytro Firtash, réputé favorable au Kremlin, a racheté l’antenne ukrainienne de cette chaîne, antenne initialement lancée en 2009 grâce à des fonds publics européens.
Une décision de Kiev qui anticipe certainement le « plan pour la liberté des médias » que les eurocrates présenteront en juin…
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