Multiplier les travailleurs pauvres pour faire baisser le chômage, telle est l’orientation du Ministre du travail
Drôle d’objectif pour le ministre du travail du gouvernement Hollande-Valls, François Rebsamen : rattraper le taux allemand de travailleurs pauvres.
Venu défendre son projet de loi sur la modernisation du dialogue social, rejeté par CGT et FO qui appellent à la grève interprofessionnelle le 9 avril 2015, le ministre était l’invité de France Inter mercredi 4 mars 2015 à 8 heures 20.
Le journaliste lui demande pourquoi la France est seule en Europe, avec Chypre et la Finlande, à connaître une augmentation du chômage. François Rebsamen répond: « (…) les pays anglo-saxons, l’Allemagne … ont le travail à temps partiel à tout va. Nous n’avons pas 7,5 millions de mini-jobs, nous n’avons pas le contrat à zéro heure (1) … nous avons moins de travail à temps partiel … nous avons fait le choix de donner de la souplesse aux entreprises (…) ».
Le journaliste : « Ce que vous nous dites, c’est que là où le chômage baisse, les travailleurs pauvres sont plus nombreux, c’est cela ? »
François Rebsamen : « Oui, il y a plus de travailleurs pauvres dans certains pays, mais au moins, ils travaillent ».
Plus tard, à un auditeur proposant une réduction drastique du temps de travail, la réponse est cinglante : « ce n’est pas à l’ordre du jour, au contraire … »
Un peu plus tard encore, le journaliste revient sur le contrat « zéro heure ». Le ministre du travail répond: « il y a un problème spécifique en Allemagne, l’explosion du taux de travailleurs pauvres: il est passé de 35% à 78%. En France, il est resté stable à environ 30% » puis il commente « en France, il y a des règles peut-être trop rigides et un système protecteur ; on pourrait donner plus de souplesse à l’embauche« .
(1) Le contrat « zéro heure » est un « contrat » développé en Grande-Bretagne qui n’offre aucune garantie du nombre d’heures travaillées par mois et contraint le salarié à répondre à la demande de l’employeur au pied levé. L’office britannique de la statistique recense en janvier 2015 1,3 millions de contrats « zéro heures » auxquels il faut ajouter 1,4 millions de contrats de quelques heures garanties par mois. En Allemagne, les loi Hartz prises sous le gouvernement SPD Schröder, ont instaurés un équivalent sous la forme des « mini jobs ».
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