Nous sommes las, Monsieur Valls, de votre politique [Les amis du Blog de Paul Jorion]
Une discussion interne au groupe Les Amis du Blog de Paul Jorion a conduit à vouloir faire de ce texte, un texte collectif, rédigé au nom du groupe. La question qui se pose maintenant et sur laquelle nous attendons vos commentaires, c’est : « Faut-il faire de cette lettre, une véritable pétition, à proposer à la signature de tous les Français ? ».
« Et je demande : où sont les intellectuels, où sont les grandes consciences de ce pays, les hommes, les femmes de culture, qui doivent monter, eux aussi, au créneau ? Où est la gauche ? » (discours du Premier Ministre M. Valls à Limoges, le 5 mars 2015).
Nous sommes là, M. Valls. Partout, tout autour de vous. Mais vous ne pouvez pas nous voir.
Ce n’est point faute d’avoir manifesté notre présence, à de multiples reprises, d’avoir envoyé des signaux comme des fusées de détresse.
À mesure que le temps passait, il nous a bien fallu nous rendre compte de l’évidence : vous ne pouvez pas nous voir car vous semblez atteint de cécité.
Vous refusez de voir que l’abstention croissante des citoyens ‘de gauche’ fait mécaniquement augmenter le Front National. Les causes à ce retrait du champ électoral (mais pas du champ politique, lequel n’est pas réduit heureusement aux seules élections) sont pourtant limpides : vous conduisez, M. Valls, une politique de droite, une politique d’austérité, une politique dont les effets alimentent le Front National.
50 milliards d’économies seront imposés pendant les trois années qui suivront, aux collectivités locales, à l’État et à la Sécurité Sociale, réduisant un investissement public nécessaire pour relancer l’économie, réduisant d’autant la capacité des institutions publiques à répondre aux besoins des citoyens les plus fragilisés par une crise toujours en cours.
Dans le même temps, le CICE (Crédit d’Impôts pour la Compétitivité et l’Emploi) et le Pacte de Responsabilité ont été institués, permettant une baisse des cotisations patronales de 41 milliards, sans contrepartie quant à des embauches, pour les entreprises.
En comparaison, les 5 milliards attribués à la baisse des cotisations sociales des salariés, à une suppression de la première tranche d’imposition sur les revenus et à une revalorisation des minima sociaux permettent de comprendre les raisons de notre désaffection.
La politique d’austérité budgétaire, imposée par le gouvernement allemand à l’ensemble de l’Europe, n’a pas non plus été critiquée, encore moins rediscutée, lorsque le nouveau gouvernement grec a recherché des appuis en Europe, appuis que le gouvernement français ne lui a pas fournis.
Enfin, quand vous parlez d’un « apartheid territorial, social, ethnique » en France, vous ne tirez pas les conclusions logiques qui devraient s’imposer d’une telle affirmation, a minima en mettant en œuvre les moyens au niveau nécessaire pour détruire un tel « apartheid ». Ce type de posture ne peut qu’alimenter le Front National.
Pour toutes ces raisons, nous avons donc disparu de votre champ de vision, mais nous sommes toujours des citoyens français et nous sommes désormais bien las de votre politique.
Nous n’acceptons pas vos discours culpabilisants quant à la montée du Front National, a fortiori de la part d’un Premier Ministre qui conduit une politique qui n’a mené qu’à une augmentation du chômage et à une aggravation de la pauvreté en France.
Nous voterons donc désormais comme nous le pourrons, pas à droite, ni pour un parti qui conduit une politique d’austérité, évidemment pas pour le Front National. Nous voterons à gauche, nous voterons blanc ou nous nous abstiendrons, peut-être.
Mais nous n’assumerons pas pour vous les effets de votre politique, M. Valls.
Nous sommes des femmes et des hommes, des citoyens, provenant de la Culture ou non, intellectuels ou pas, nous avons notre conscience, grande ou petite, nous sommes de gauche et nous sommes déjà au créneau.
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