Quel REMPART ? [Éditorial d'INFORMATIONS OUVRIÈRES]
L’ÉDITORIAL d’INFORMATIONS OUVRIÈRES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI
Si le Parti socialiste s’apprête à connaître le plus grand rejet de l’histoire qu’ait connu, sous la Ve République, le parti qui gouverne, il le doit à sa politique, et à rien d’autre. Si l’abstention s’apprête à battre des records, en particulier dans l’électorat traditionnel du Parti socialiste, la responsabilité en incombe exclusivement à la politique du gouvernement Hollande-Valls au service de la classe capitaliste et de l’Union européenne.
Aucune solution conforme aux besoins de la classe ouvrière et de la démocratie n’est à attendre du résultat des 22 et 29 mars.
A la démobilisation électorale prévisible pour les élections départementales répond la mobilisation grandissante pour le succès de la grève interprofessionnelle du 9 avril. Un mouvement d’une puissance sans précédent depuis de nombreuses années cherche à se constituer. En témoignent la multiplication des appels communs d’organisations syndicales (CGT, FO, Solidaires et FSU), les initiatives communes — piquets de diffusion, assemblées de militants — le nombre de cars et de trains commandés… Ce 9 avril est saisi comme une nécessité : le rassemblement de toute la classe ouvrière contre le gouvernement et sa politique au service de la classe capitaliste. S’affirme en particulier la volonté d’aller manifester à Paris, contre le gouvernement, là même où il décide sa politique anti-ouvrière.
Dans une étude qu’il vient de rendre publique, le Fonds monétaire international établit — pour une fois honnêtement — que tout affaiblissement des organisations syndicales dans les pays industrialisés a pour corollaire l’augmentation spectaculaire des revenus des 10 % les plus riches de la population et l’affaiblissement des revenus des couches salariées. En France, on sait que le gouvernement Hollande-Valls (comme ceux qui l’ont précédé) n’a de cesse de vouloir remettre en cause les prérogatives des organisations syndicales dans tous les domaines. Ayant échoué à les intégrer dans la conférence sociale, il tente d’en réduire la capacité d’agir par la loi Rebsamen.
C’est dans ce contexte que l’appel au 9 avril prend toute sa signification. La presse nous apprend qu’en 2014, les profits engrangés par les quarante entreprises qui constituent l’indice CAC 40 de la Bourse ont dépassé la somme de 62 milliards d’euros. Soit une progression de 33 %, dont Le Monde nous révèle sans surprise qu’elle est liée à la capacité de ces groupes à « réduire leur coûts »…
Soixante-deux milliards de bénéfice : leur confiscation rapporterait bien plus que les 50 milliards du pacte de responsabilité que le gouvernement veut faire supporter à la Sécurité sociale, aux collectivités territoriales, aux services publics, c’est-à-dire à la classe ouvrière et à l’ensemble de la population laborieuse !
Alors, oui : retrait du pacte de responsabilité et de la loi Macron ! Légitime est l’appel à la grève interprofessionnelle, légitime la préparation de la grève générale contre le gouvernement pour le contraindre au retrait de tous ses plans destructeurs.
Il n’est d’autre rempart pour défendre la démocratie politique que celui constitué par la classe ouvrière se mobilisant avec ses organisations pour la défense et la reconquête de tous ses droits.
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