CGT: Philippe Martinez prépare activement le 51ème Congrès Confédéral prévu en avril 2016 à Marseille
Le successeur de Thierry Lepaon prépare activement le 51 e Congrès de la CGT en avril 2016 à Marseille.
Pour l’instant, Philippe Martinez n’a qu’un souci, une obsession : être confirmé à son poste de secrétaire général de la CGT lors de son 51e congrès en avril prochain à Marseille. Autant dire qu’il calibre son discours pour brosser les adhérents du syndicat dans le sens du poil. La conférence de presse qu’il a donnée jeudi (28 mai 2015) l’a confirmé.
Le syndicaliste rendait compte de la première réunion du Comité confédéral national où siègent les numéros uns des fédérations et unions départementales depuis qu’il a succédé à la tête de la centrale à Thierry Lepaon , acculé à la démission après les révélations sur son train de vie.
Pas de nouvelle journée d’action
Comme à chaque fois que Philippe Martinez prend la parole publiquement depuis sa nomination, il a évoqué la « visibilité des luttes salariales dans les entreprises » (sans donner d’exemples dans l’Hexagone), le passage aux 32 heures, la visite de 2.000 syndicats CGT d’ici au congrès, une pétition pour une hausse des salaires ou encore une « loi d’amnistie » pour les syndicalistes.
Mais pas de nouvelle journée d’action : FO a dit « non » pour l’instant. Le cégétiste est par ailleurs passé très vite sur la question de la « démocratie interne ». Le sujet sera pourtant au centre du rendez-vous de Marseille. Mais Philippe Martinez joue sa réélection à l’ancienne. Il cherche à s’assurer la maîtrise de l’appareil et marginaliser tous ceux qu’il considère comme un danger, dont Eric Aubin, candidat malheureux à la succession de Bernard Thibault et chargé des dossiers emploi et retraite. Pour cela, il défend l’idée qu’un dirigeant syndical n’a pas à être expert.
Un assourdissant silence
Le résultat est un assourdissant silence de la CGT au niveau national depuis sa journée d’action avec FO le 9 avril. Fini le lobbying pour tenter d’influer via des amendements sur les projets de loi. La centrale est aux abonnés absents sur la loi sur le dialogue social comme sur le bilan des accords nationaux interprofessionnels. « Le chef de délégation CGT, Fabrice Angéi, n’ouvre pas la bouche », confie un participant.
S’il a pris soin de dessaisir les anciens du bureau confédéral jugés « dangereux » de leurs dossiers, les pro-Lepaon sont en revanche soignés. Philippe Martinez a maintenu tout le monde et a même repris son cabinet. Sa directrice partirait en juin, dit-on, mais pas celle de la communication malgré un droit d’alerte du CHSCT pour harcèlement moral sur son équipe,
Renforcer le poids des unions départementales
L’objectif du numéro un de la CGT est de s’assurer la maîtrise du congrès, donc des mandatements. D’où sa volonté de renforcer le poids des unions départementales dans la désignation des délégués au congrès. Beaucoup sont bien plus influençables que les fédérations (seules 5 n’auraient pas un seul emploi à temps plein financé par la confédération). D’où, aussi, sa tentative de mettre une proche à la tête du Fonds confédéral d’aide aux organisations de la CGT, au motif que la présidente actuelle est souffrante.
Il est vrai que, pour être adoubé à Marseille, Philippe Martinez va avoir besoin des unions départementales. Il a les mêmes principaux appuis que son prédécesseur côté fédérations : l’énergie, dont il choie les dirigeants et anciens dirigeants, ainsi que les Postes et télécoms et les cheminots. Avec de nombreuses autres fédérations, c’est compliqué. En particulier avec celles qui ont changé de direction sans l’aval de la confédération : la banque-assurance, le commerce ou encore – et surtout – la santé. Deuxième fédération de la CGT derrière les services publics, cette organisation a balayé l’ancienne direction non pas sur une question de ligne, mais pour déni de démocratie. Ce que le numéro un de la CGT se refuse à admettre. L’ancienne secrétaire générale, qui n’a pas été réélue, est sa compagne. Infirmière, Nathalie Gamiochipi ne se prépare pas à réintégrer la fonction publique mais, comme beaucoup d’autres responsables contestés, elle pourrait rester à la confédération voire représenter la CGT au Comité économique et social européen. Interrogé jeudi, Philippe Martinez s’est refusé à le confirmer.
Leïla de Comarmond
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