LIBÉRONS MUMIA! Résumé de la visite de Johanna Fernandez à Mumia Abu-Jamal
Le samedi 13 juin 2015
Mumia garde le moral. On passe en revue les dernières informations du monde puis il me raconte son séjour à la clinique, le Geisinger Medical Center à la mi-mai [établissement qui nous a certifié ne pas connaître Mumia lors de notre visite le 14 et 15 mai dernier aux USA!]
Dès que Mumia entre au parloir je dois pousser sa chaise roulante car il est incapable de le faire seul. Il a toujours une peau affreuse, toujours très foncée, l'aspect d'un vieux cuir et ceci de la tête aux pieds. Il a deux doigts dont l’extrémité est couverte de lésions ouvertes et manifestement douloureuses. Je ne l'ai jamais vu avec le visage aussi gonflé et il est si foncé que je lui demande s'il s'est exposé au soleil. « Non », me répond-il, « je ne suis pas sort dans la cour de la prison depuis janvier dernier, depuis que j'ai commencé à être malade ». Mumia a toujours les jambes bandées parce que ses plaies ne cicatrisent pas et il a les pieds et les orteils terriblement enflés.
Selon les médecins de l'infirmerie de l'hôpital « c'est parce que son corps libère des liquides en guérissant »...
Mumia me raconte comment les infirmières au Geisinger Medical Center l'enduisaient toutes les quatre heures alternativement d'une crème à base de stéroïdes puis de vaseline et le couvraient de pansements de la tête aux pieds. Docteurs et infirmières disaient n'avoir jamais vu un patent en pareil état et pourtant il a quitté la clinique sans que soit fait un bilan santé complet.
Depuis lors, Mumia est à l'infirmerie de l'hôpital et il doit y rester encore deux semaines ; on lui applique de la vaseline puis des pansements humides deux fois par jour. Mais ses plaies cutanées ne sont toujours ni soignées, ni en régression : qu'en est-il de sa respiration cutanée vu l'état de sa peau ?
Un autre gros problème est que son taux d'hémoglobine est en chute libre sans que l'on sache pourquoi.
Mumia ajoute que son diabète est maintenant « sous contrôle », mais il n'y a aucun régime alimentaire spécifique pour tous les diabétiques en prison et aujourd'hui je le vois manger un demi sandwich au poisson et boire de l'eau.
Revenant à son séjour au Geisinger Medical Center, Mumia me raconte comment le personnel médical a gentiment plaisanté, en le couvrant de gaze, le comparant à une momie ce qui
correspondait à son nom de « Mumia » et à quel point il a été ému d'être traité comme un être humain par le personnel soignant, comment l'infirmière lui a demandé ce qu'il voulait manger... et sa totale incrédulité, une situation inédite pour lui depuis décembre 1981!
Je prends conscience que les jours passés à l'infirmerie de la prison depuis février sont une des expériences les plus douloureuses et terrifiantes de la vie, même pour quelqu'un qui a passé trente ans dans le couloir de la mort.
Ces horribles prisons qui ne cherchent qu'à dépouiller les prisonniers de tout, de leur dignité voire de leur propre vie. C'est de la barbarie, de la torture. Même si Mumia insiste sur le respect et les soins dont on l'a entouré au Geisinger Medical Center n'oublions pas qu'il a passé tout ce temps avec un bras et une jambe menottés au lit.
C'est la guerre, Mumia a survécu à cette tentative de mettre fin à sa vie mais il est très gravement malade et il faut absolument qu'il soit libéré.
Collectif français de soutien à Mumia Abu-Jamal
rassemblant une centaine d’organisations & de collectivités publiques
43, boulevard de Magenta 75010 Paris
TEL : 01 53 38 99 99 - E MAIL : contact@mumiabujamal.com