Dans toute L'EUROPE, les yeux tournés vers ATHÈNES
L’ÉDITORIAL d’INFORMATIONS OUVRIÈRES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI
D’un côté, l’angoisse qui creuse le visage de ces travailleurs et retraités, massés devant les banques grecques sans savoir si, demain, le peu qu’il leur reste ne va pas partir en fumée ; l’angoisse d’un peuple saigné à blanc depuis des années par la troïka, les spéculateurs, et les gouvernements à leur service. De l’autre, l’arrogance des grands de ce monde acharnés à vouloir faire rendre gorge au peuple grec et à aller jusqu’au bout de la destruction.
Avec toute la morgue du porte-parole du capital qu’il est, Le Figaro ose dénoncer le référendum du 5 juin comme « un coup d’Etat commis par des bolcheviks ». Coup d’Etat ? Non, simple moyen d’expression démocratique de l’aspiration du peuple : « Dehors le mémorandum ! Dehors la troïka ! » Une victoire du vote non au référendum suffira-t-elle ? Non, mais elle peut constituer un point d’appui, un encouragement pour la mobilisation directe de la classe ouvrière et des couches populaires, pour mettre en échec les exigences meurtrières de la troïka. C’est pourquoi l’attention de tous les travailleurs d’Europe est tournée ces jours-ci vers la Grèce.
Au premier rang des chiens de garde du capital, Hollande et Valls. Ce dernier déclare dans Le Monde « qu’il est hors de question d’effacer, ne serait-ce qu’une partie de la dette grecque ». Sapin, derrière lui, ne cesse de répéter que « le défaut de la Grèce coûterait de 600 à 900 euros par Français ».Du point de vue des faits, c’est un mensonge total. Mais surtout, il faut tout l’aplomb d’un servile exécutant des capitalistes et des banquiers pour oser affirmer cela au moment même où l’hebdomadaire Marianne publie un rapport commandé par le secrétaire général du Parlement européen. Celui-ci prévoit froidement les conséquences d’une nouvelle crise financière comparable à 2008 : « La zone euro pourrait perdre un milliard d’euros de son PIB, “gagner” 1,9 million de chômeurs supplémentaires et subir une augmentation de 51,1 milliards d’euros de sa dette publique. »
« Gagner » 1,9 million de chômeurs supplémentaires ! Et ces gens-là cherchent à nous faire peur avec la Grèce ? Ce qu’ils prévoient, c’est un nouvel effondrement au nom duquel, comme en 2008, il faudrait, pour renflouer les banques et garantir la stabilité de l’euro, écraser encore plus les classes ouvrières, détruire davantage encore les services publics et l’emploi !
Et on veut nous faire peur avec la sortie de l’euro ? La question n’est pas de savoir si la Grèce doit ou non sortir de l’euro ; elle est de chasser l’euro et les institutions de l’Union européenne de chacun et de tous les pays d’Europe.
Cette voie, seul le mouvement de la classe ouvrière l’ouvrira. La classe ouvrière est une dans toute l’Europe, des grèves des chemins de fer et de la poste en Allemagne, en passant par les manifestations de Grande-Bretagne, la récente grève générale en Italie, ou encore, en France, avec les grèves dans l’enseignement, les hôpitaux, et parmi les personnels territoriaux.
Dans chaque pays d’Europe, sous des formes qui lui sont propres, la classe ouvrière cherche à organiser son combat contre les plans meurtriers que veulent imposer les gouvernements qui appliquent les directives de l’Union européenne. A l’échelle du continent, d’Athènes à Paris, de Berlin à Lisbonne, une seule classe ouvrière met à l’ordre du jour par son propre mouvement l’exigence : « Dehors l’Union européenne, le FMI, la troïka ! Dehors l’euro et les traités européens ! Dehors la dictature du capital et les gouvernements à son service ! »
SOURCE: