Chez VEOLIA, les actionnaires raflent la mise
Si les salariés ne sont que rarement conscients de leur participation directe à une lutte des classes, remportée aujourd'hui par leurs dirigeants et surtout par les maîtres de ces derniers, les actionnaires, ils perçoivent cependant très bien les effets des inégalités sociales imposées. Les salariés y participent non par leurs actions revendicatives, relayés par les syndicats, mais bien malgré eux par leur position de victimes d'une prédation capitaliste, en se soumettant au seul principe qui vaille : les actionnaires raflent la mise ! Ce principe peut-il perdurer sans que le climat social ne se dégrade au point de susciter une réaction, ou les calculs patronaux suffisent-ils à soutenir la servitude volontaire sans remous ?
Le commun des mortels peut s'étonner des contrastes extrêmes qui s'imposent entre les bénéfices faramineux du groupe Veolia et les augmentations des salaires des acteurs qui font justement le succès économique d'un groupe mondialisé. Le marasme économique, subi ces dernières années par Veolia Eau depuis que les communes n'hésitent plus à renégocier les contrats, commence à s'effacer au bénéfice exclusif des actionnaires, tandis que les salariés, pourtant artisans de ce succès, se contentent de remerciements chaleureux. C'est ainsi qu'on peut découvrir, à travers les communications de Veolia à l'endroit des actionnaires, que tous les indicateurs sont au vert, malgré une tendance marquée à la baisse des marchés boursiers et de l'activité des entreprises françaises. Veolia annonce une augmentation du dividende 2015 de 4,3 % avec une croissance de ce dividende à l'horizon 2018 devant atteindre 10 % ! En même temps, c'est 0 % pour les salariés de l'UES Veolia Eau, à peine plus pour les salariés de Veolia Water Information Systems (0,5 %, les négociations ne sont pas terminées).
Comment est-il possible que Veolia puisse marcher sur les pieds des salariés avec l'assurance que ces derniers ne riposteront pas ? La réponse à cette question n'est pas complexe à élaborer. D'une part les salariés ont été soumis à des contraintes d'une violence inégalée, limitant de fait leur capacité, voire leur volonté à s'opposer, c'est le principe de la « stratégie du choc » à l’œuvre ; d'autre part, les conditions économiques du chômage, promis sans succès à la baisse par un pouvoir réactionnaire de gauche et qui pourtant pèse comme une menace permanente dans les esprits de salariés, freinent la combativité de salariés désormais résignés. Alors que les salaires dans le secteur de l'informatique n'égalent en rien les « propositions » des directions de Veolia Eau, ceux-ci se rapprochant plutôt d'une fourchette allant de 2,9 % à 4,4 %, les augmentations pour l'ensemble des secteurs des entreprises avoisinent 2,4 %. Nous sommes très loin du gel du groupe Veolia qui préfère peser sur les salariés tant en matière de salaires que d'emplois.
C'est dire à quel point nous sommes faibles et combien nous devrions mesurer l'écart entre les résultats d'un travail acharné et les attentes d'actionnaires qui ne demandent que le retour démultiplié de leur mise. Ils n'ont que faire des moyens utilisés par l'entreprise pour reverser le Jackpot. Ils préfèrent d'ailleurs ne pas connaître ces moyens, car ils révèlent bien souvent des injustices sociales qu'il est difficile d'imaginer en dehors du contexte. Celles-ci pourraient froisser les consciences de ces belles gens. Il est clair que les reversements avantageux sont le fruit d'une baisse massive des coûts, exclusivement absorbée par les salariés déjà terrorisés par le chômage. Dans notre cas, cette baisse des coûts s'est illustrée par des réorganisations à tous les niveaux du groupe, des ajustements d'effectifs, imposés notamment par un plan de départs dit volontaires et la remise sur pied d'une informatique qui se cherchait depuis près d'une décennie. Pour ne retenir que les effets de l'informatique sur la réduction des coûts de production, Benito Diz, directeur des systèmes d'information de Veolia Eau et directeur général de VWIS, est fier d'annoncer une baisse à 10 % du coût initial, soit un bénéfice de 1,35 million d'euros... par an !
Combien de familles souffrent actuellement des conséquences du chômage du fait des appétits démesurés du système actionnarial ? Les pouvoirs politiques ne font même plus mine de venir au secours des salariés. Ils les ont abandonné. Les aides financières massives aux entreprises sont partis en fumée et n'ont en rien servi à relancer l'activité. Alors que les allègements de charges au titre du « Crédit d'impôt compétitivité emploi », le fameux CICE, ont bénéficié à hauteur de 27,4 milliards d'euros aux seules entreprises, non seulement la mesure n'a pas permis de relancer l'emploi, mais de grandes entreprises du CAC 40 tel que Veolia s'en sont servis allègrement pour satisfaire les appétits des actionnaires. Quand d'une manière éclairée, nous constatons les injustices sociales générées par un système capitaliste qui s'appuie sur tous les rouages lui permettant d'évoluer, malgré une économie structurellement en panne, il n'est plus possible de rester impassible devant l'agressivité sociale du patronat. Cette agressivité ne cessera pas tant que les travailleurs ne réagiront pas avec les seules armes à leur disposition : la grève générale reconductible, seul recours possible d'un salariat aux abois.
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