Contre la funeste loi El Khomri, « intervenez auprès des élus socialistes !» nous conseille Philippe Arnaud
Parmi tous les moyens d'obliger le gouvernement à retirer sa funeste loi (ou à supprimer son article 2, ce qui revient au même), il y en a un qui peut peser lourd : l'intervention auprès des élus socialistes. Il semble bien, en effet, que parmi les députés socialistes qui sont pour la loi (je ne parle donc pas des frondeurs), plusieurs font remonter leur inquiétude à Matignon et à l’Élysée en rapportant des propos virulents de leurs électeurs (qui disent qu'ils ne voteront plus pour eux), et, dans les cas les plus graves, les saccages de leurs permanences parlementaires. Et qui demandent à « récrire l'article 2 » (euphémisme pour le supprimer en sauvant la face du gouvernement).
Cette inquiétude est un levier puissant pour faire fléchir le gouvernement. Il serait donc utile de s'adresser à tous les élus socialistes (pas seulement les députés, également les sénateurs, les maires, les conseillers municipaux, départementaux, régionaux), pour leur dire : « Si le gouvernement s'entête à maintenir cette loi, plus jamais je ne voterai socialiste, ni aux législatives, ni à AUCUN scrutin. Et je le ferai savoir largement autour de moi, et je vous savonnerai la planche ! »
Ce qui peut faire réfléchir les socialistes, c'est une règle sociologique simple : « Quand on est content de quelqu'un ou de quelque chose - un restaurant, une marque de n'importe quel objet - on le dit à bien moins de personnes que quand on en est mécontent ». C'est ainsi que certains magasins, certains modèles disparaissent au bout de quelques mois. Il est plus facile de nuire que de favoriser (hélas, parfois...).
Il faut aussi se souvenir qu'en 2005 si le Non au référendum du TCE a été majoritaire parmi l'électorat socialiste, c'est, notamment à cause de l'action tenace, permanente, intelligente, des adhérents Attac et des lecteurs du Monde diplomatique qui, sociologiquement, étaient les plus proches des électeurs du Parti socialiste. On peut le leur rappeler utilement. On peut aussi leur rappeler utilement que, dans un contexte de forte abstention, il suffit de quelques centaines, parfois même de quelques dizaines de voix, pour faire mordre la poussière à un candidat.
Je vous saurais gré de vos remarques, compléments, rectifications et critiques. Et, si le message vous convient, de bien vouloir le relayer.
Correspondant de l’association des Amis du Monde diplomatique à Tours
P.S. Je viens d'écouter l'interview de François Fillon au journal télévisé de France 2 de 20 h. Il se déclare solidaire de Valls, et à fond pour l'article 2 de la loi, celui qui abolit de facto le Code du travail. Il veut s'en prendre à la CGT, il veut interdire les Nuits debout. « Hollande-Valls-Fillon » même combat ! Après le soutien de Pierre Gattaz et de Laurence Parisot à la loi, n'est-ce pas suffisant pour s'engager ?