LE VOTE ? Un entretien avec Patrick LEHINGUE, professeur de science politique
« ON A ASSISTÉ À UNE DISPERSION DES CLASSES POPULAIRES. » ENTRETIEN SUR LE VOTE AVEC PATRICK LEHINGUE
Depuis plus de trente ans, Patrick Lehingue, professeur de science politique, analyse les scrutins. Et il vient de publier un livre sur « Le Vote ». Mais vous ne le verrez pas sur les plateaux de télé, discuter du dernier sondage au milieu des Roland Cayrol, Pascal Perrineau, Stéphane Rozès, etc. Leur glose sert plus souvent à masquer le monde social, qu’à le découvrir…
Entretien réalisé le 9 janvier 2012
Fakir : Vous faites un bouquin sur le vote, vous avez consacré l’essentiel de votre carrière à analyser les scrutins, et pourtant, vous dites que le vote, ça n’est pas si important que ça. Dès la première page, vous vous en prenez – je cite – à la « survalorisation du rite électoral, souvent présenté par les protagonistes du moment comme absolument crucial – ‘du vote de chacun dépend l’avenir de tous’ – alors même qu’il laisse, sauf rarissimes exceptions, si peu d’empreintes dans les mémoires collectives »…
Patrick Lehingue : En tout cas, le vote n’a pas l’importance que lui confèrent la majorité des journalistes, des sondeurs, des hommes politiques…
On a ici une forme « d’idiotisme de métier » : parce que certains politologues ont fait profession de décrypter « le mystère des urnes », ils s’imaginent que, à leur image, tout le monde se passionne pour les élections, que le moment électoral constitue la substantifique moelle, le summum de la démocratie.
Mais dans la vie des gens, c’est un geste plutôt banal qui engage sans doute moins qu’on ne le dit. On avait mené une enquête à Amiens : un an à peine après une élection législative, la grande majorité des gens ne se souvenaient plus pour qui ils avaient voté : 67 % avaient oublié leur choix de l’année d’avant.
Mais ça n’empêche pas les commentateurs autorisés de sanctifier cet instant, de poser comme équation « élection = démocratie ». Malgré l’exemple d’Athènes, pourtant regardé comme le berceau de la Démocratie (voir encadré)…
Les classes populaires : qui les représente ?
LA SUITE DE L'ENTRETIEN EN LIEN CI-DESSOUS (sur le site de FAKIR)