À propos du communiqué de la CGT sur le BREXIT intitulé « L'urgence est à l'Europe sociale » [Action Communiste]
Plus de 30 ans qu'on nous promet l'Europe sociale ...
En 2012, Guillaume Bachelay, député de la 4ème circonscription de Seine-Maritime, votait, à l'automne 2012 comme ses collègues socialistes, le pacte budgétaire européen appelé TSCG, de fait le traité négocié entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy et dénoncé par F. Hollande durant sa campagne électorale. A une délégation d'Elbeuf venue lui réclamer de ne pas voter le traité, il répondait qu'il fallait changer le rapport de forces en Europe et que les forces sociales-démocrates s'y attelaient... Il fallait faire confiance ... Depuis il a voté toutes les lois mettant en œuvre les directives austéritaires de la commission et du conseil européen. Et le gouvernement socialiste est totalement acquis aux exigences néolibérales du capitalisme mondialisé et de la version européenne du MEDEF, Business Europe.
L'Europe sociale n'existe pas et ils voudraient que les peuples se taisent
Leur vote n'est jamais respecté. Quand le peuple français a voté contre le traité constitutionnel, les deux partis qui alternent au pouvoir, la droite et le Parti socialiste, ont voté pour le traité de Lisbonne, frère jumeau du traité rejeté en 2005. En 2015, la Grèce a dit « Non » à la politique de la Troïka. L'UE, François Hollande en tête, lui a imposé une saignée sociale pire que jamais. Aujourd'hui les incendiaires viennent principalement de la social-démocratie, Hollande en tête, qui veulent « punir » les Britanniques.
Est-ce au nom de l'Europe sociale que la CES n'a rien dit, rien fait pour soutenir le mouvement contre la loi Travail en France ?
A l'automne 2015, ce dernier est venu inaugurer le congrès de la CES à Paris. La CES, grande défenderesse de l'Europe sociale, n'a, à aucun moment, soutenu la mobilisation, les grèves et manifestations contre la loi Travail, version française des directives européennes. Pire, alors que les peuples se mobilisent contre l'austérité européenne et les lois travail un peu partout en Europe et principalement en France, en Belgique, en Grèce, en Espagne, la CES n'a envisagé aucune action concertée entre les syndicats européens qui se mobilisent contre l'austérité et le dumping social organisé par les réformes du travail mises en œuvre partout dans l'Union Européenne. C'est un fait. La CES ne lutte pas contre le dumping social et contre l'austérité.
Mais les peuples et les salariés ne se taisent pas et leurs luttes s'opposent aux directives européennes
Partout, les militants de la CGT, leurs organisations, UL, UD, se mobilisent et n'épargnent pas leurs forces pour faire grandir la mobilisation, gagner de nouveaux secteurs à la grève, organisent la solidarité. En Seine-Maritime, à Dieppe, à Rouen, les militants de la Cgt sont très nombreux dans les cortèges. Le Havre est devenu un symbole de la lutte contre la loi Travail. A l'heure où sur les tracts de la CGT, dans les manifestations unitaires, le slogan "Ni amendable, ni négociable" s'écrit et retentit, ce communiqué apparaît très en décalage avec les luttes. Peut-être parce que la CGT n'a pas été jusqu'au fond du débat sur l'Union Européenne et la CES. Le seul élément positif – si l'on est optimiste – c'est que la CGT dénonce une « construction européenne fondée sur l’austérité et le dumping social » et établit un lien avec les luttes contre la loi El Khomri.
Cette Union Européenne là, avec ses institutions, sa Commission, ses directives supranationales et a-parlementaire, est faite pour servir le capitalisme mondialisé. Aucune Europe sociale ne peut en sortir. Mais elle est bien capable de faire fuir et sortir les peuples à force de les exaspérer. Nul doute que dans les têtes de ceux qui manifestent et font grève, l'UE est bien à l'œuvre derrière la loi Travail et l'acharnement du pouvoir socialiste. Or trop souvent, les opposants à la loi Travail ont l'impression de se heurter à une force obscure qu'on n'ose pas nommer.
La commission européenne, l'UE et les conseils européens sont responsables
La Commission et le capitalisme européen ont d'autres projets en tête : remise en cause des retraites, du SMIC, de la sécurité sociale, austérité, traités de libre-échange avec les Etats-Unis, sur les services … Bien évidemment François Hollande et Manuel Valls ont approuvé et soutenu toutes ses politiques. Mais le rôle des institutions européennes sont déterminants dans l'obstination du gouvernement français contre la majorité des Français qui souhaitent le retrait de la loi travail ! Il ne sert à rien de cacher cette responsabilité. Au contraire, cela permet à Bruxelles de continuer à œuvrer dans l'ombre pour toujours la même politique qui nous conduit au désastre. Cela ouvre un boulevard au FN et à ses frères européens.
Recouvrer notre souveraineté populaire et nationale et opter pour des coopérations équitables délivrées de la « concurrence libre et non faussée » et de la toute puissante « compétitivité »
Les forces progressistes – syndicats compris – n'ont qu'une solution pour offrir une perspective aux luttes : s'emparer de cette question de la souveraineté populaire et nationale.
Nous pensons que cela passe par la reconquête de notre pouvoir de décision et de la souveraineté populaire et nationale. Nous la recouvrirons en sortant de l'euro et de l'UE, en instituant la représentation proportionnelle et des pouvoirs reconquis et accrus pour les salariés. Nous pourrons alors décider en France de coopérations internationales, d'échanges équitables et mutuellement avantageux, respectueux des droits sociaux, excluant le dumping social.
Ouvrons ces perspectives en France et nous donnerons une assise solide aux luttes qui se développent contre la mise en concurrence des peuples, le pillage économique de notre industrie et de nos services par le capitalisme mondialisé.
L'urgence sociale, c'est aussi la bataille pour notre souveraineté populaire et nationale.
Cette bataille là leur fait peur, cette bataille-là peut les faire bouger
Donnons-nous les armes idéologiques nécessaires pour les combattre. Nous sommes la majorité. Nos adversaires en France sont minoritaires, Hollande, Valls et la droite ... N'oublions pas nos adversaires européens, l'Union européenne, la commission de Bruxelles, les conseils européens, et combattons les ! Dénonçons la toute-puissance des institutions européennes, leur opacité, les traités conclus contre la volonté majoritaire en France.
Action Communiste Haute-Normandie
Le 29 juin 2016
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