La CHINE en 2012 : capitaliste ou socialiste ? (par Samir Amin)
Les débats concernant le présent et l' avenir de la Chine – puissance « émergente » – me laissent toujours peu convaincu. Les uns considèrent que la Chine a définitivement opté pour la « voie capitaliste » et envisage même d' accélérer son insertion dans la globalisation capitaliste contemporaine. Ils s' en félicitent et souhaitent seulement que ce « retour à la normale » (le capitalisme étant la « fin de l' histoire ») soit accompagné par une évolution démocratique sur le mode occidental (pluripartisme, élections, droits humains). Ceux là croient – ou doivent croire – à la possibilité pour la Chine de « rattraper » (en termes de revenu par tête) par ce moyen, fût-ce progressivement, les sociétés opulentes de l' Occident – ce que je ne crois pas possible. La droite chinoise partage ces points de vue. D' autres le déplorent au nom des valeurs du « socialisme trahi ». Certains s' associent avec les formulations dominantes en Occident des sportifs du China bashing. Les autres – les pouvoirs en place à Beijing – qualifient la voie choisie de « socialisme aux couleurs de la Chine », sans guère plus de précision. Mais on peut découvrir ces spécificités en lisant attentivement les textes officiels, en particulier les Plans quinquennaux, précis et pris au sérieux.
En fait la question (la Chine est-elle capitaliste ou socialiste ?) est mal posée, trop générale et abstraite pour que la réponse dans les termes de cette alternative absolue fasse sens. Car la Chine est effectivement engagée sur une voie originale depuis 1950 et peut être même depuis la révolution des Taipings au XIXe siècle. Je tenterai donc ici de préciser le contenu de cette voie originale à chacune des étapes de son déploiement de 1950 à aujourd' hui (2012).
LIEN VERS LA SUITE DE L'ARTICLE CI-DESSOUS: