L'ONU condamne la colonisation israélienne
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi soir une résolution demandant l'arrêt des colonies en Cisjordanie à laquelle, fait rarissime, les Etats-Unis n'ont pas opposé leur veto.
Si les Etats Unis se sont abstenus les 14 autres membres du Conseil de sécurité se sont prononcés en faveur du texte présenté par la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, le Venezuela et le Sénégal.
A l'origine, c'est l'Egypte qui avait proposé le texte, mais elle avait décidé jeudi de faire marche arrière sous la pression d'Israël et du président américain élu, Donald Trump.
Celui-ci a fait savoir que "les choses seront différentes à l'ONU" après son arrivée à la Maison Blanche dans un mois.
Le bureau de Benjamin Netanyahu a fait savoir vendredi soir qu'Israël ne respectera pas la résolution du Conseil de sécurité comme l'indique un communiqué des services du Premier ministre israélien qui précise : "Israël rejette cette résolution anti-israélienne honteuse des Nations unies et ne s'y conformera pas".
Benjamin Netanyahu a aussi annoncé, quelques heures seulement après le vote de la résolution, le rappel "immédiat" de ses ambassadeurs en Nouvelle-Zélande et au Sénégal "pour consultations".
Il a également décidé d'annuler la visite du ministre sénégalais des Affaires étrangères, prévue en janvier, ordonné l'annulation de tous les programmes d'aide au Sénégal, et l'annulation des visites en Israël des ambassadeurs non-résidents du Sénégal et de Nouvelle-Zélande.
Côté palestinien, on salue "un camouflet" : La résolution constitue "un grand camouflet" pour Israël, a immédiatement réagi Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienn : "Il s'agit d'une condamnation internationale unanime de la colonisation et d'un fort soutien à une solution à deux Etats", a-t-il ajouté.
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Israël a commencé à établir un réseau de colonies dans toute la Cisjordanie occupée à partir des années 1970 et a continué de l'étendre après les accords d'Oslo de 1995, qui ont divisé ce territoire en zones israéliennes et palestiniennes. Ces dernières étaient destinées à jeter les bases d'un futur Etat palestinien.
Quelque 430.000 colons israéliens vivent en Cisjordanie occupée, aux côtés de 2,6 millions de Palestiniens. Plus de 200.000 Israéliens vivent aussi à Jérusalem-Est annexée, aux côtés d'au moins 300.000 Palestiniens, qui veulent en faire la capitale de leur futur Etat.
Israël a également saisi une partie des hauteurs du Golan aux dépens de la Syrie ainsi que la bande de Gaza au détriment de d'Egypte et a établi des colonies dans ces deux zones, avant d'évacuer celles de Gaza en 2005.
Les Nations unies et la majeure partie de la communauté internationale considèrent comme illégales les colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qu'Israël a annexée en 1980. Cette nouvelle résolution n'a donc pour objectif que de faire respecter le droit international, bafoué en toute impunité depuis quatre décennies.
Eugénie Barbezat
Journaliste
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Le Conseil de Sécurité de l’ONU condamne sans appel la colonisation de la Palestine par Israël
Un rappel bienvenu du droit international, face à un avenir menaçant
Par ces temps difficiles, c’est une victoire diplomatique incontestable que vient de remporter la Palestine avec un vote à l’unanimité (14 voix), moins l’abstention des Etats-Unis qui n’ont pas fait jouer leur veto. Israël et ses multiples relais auront été dans l’incapacité d’y faire obstacle malgré la complicité honteuse du Général Sissi et l’invraisemblable immixtion de Trump dans les affaires de l’administration américaine en place. Cela a choqué dans les milieux diplomatiques et amené le Président Obama à rester sur la position d’abstention.
Refusant de céder comme l’Egypte au diktat trumpien, le Venezuela, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande et le Sénégal, pays de quatre continents, ont reproposé le texte au vote et ont convaincu l’ensemble des Etats membres du Conseil de l’adopter. Ce beau succès ne doit pas nous cacher que le couple Trump-Netanyahou va être extrêmement dangereux et que les responsabilités des pays européens seront d’autant plus grandes pour refuser un monde dominé par la loi de la jungle.
De ce point de vue, la Suède qui, hors Conseil, a beaucoup fait pour permettre cette percée diplomatique s’est révélé particulièrement engagée montrant la voie à ses partenaires européens.
Quant à la France elle a su faire le bon choix et ne pas se laisser impressionner par les imprécations grotesques de B. Netanyahou. Elle doit maintenant honorer son engagement d’une reconnaissance pleine et entière de l’Etat de Palestine, engagement renouvelé par l’Assemblée nationale et le Sénat. Le Président de la République doit saisir ce moment pour faire aboutir ce qui selon les termes de Laurent Fabius en 2014, « n’est pas une faveur, pas un passe-droit, mais un droit ».
Le Bureau national de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS)
Le 23 décembre 2016
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