LIMOGES (Haute-Vienne) : le FISC veut-il TUER l'imprimerie Rivet et laisser 80 salariés sur le carreau ?
Une centaine de salariés de l’imprimerie Rivet manifestent contre un redressement fiscal
« Nous ne sommes pas des fraudeurs fiscaux donc nous mènerons la lutte jusqu’au bout », assure Arnaud Raffier, délégué syndical de l’imprimerie Rivet et secrétaire de l’union départemental CGT de la Haute-Vienne. Pas question de payer « les 1,2 Million d’euros de redressement fiscal car nous sommes dans notre bon droit ».
Ce lundi, devant les locaux de l’imprimerie Rivet en zone nord de Limoges, les salariés ont débrayé, soutenus par des syndicalistes CGT d’autres branches professionnelles dont les cheminots. « Harcelés par le Fisc depuis huit ans, [ils ont] manifesté leur crainte face à une liberté d’expression et un pluralisme de la presse attaqués dans cette période de discrimination syndicale », détaille Arnaud Raffier.
Au service des associations, des collectivités, de la lutte sociale et de la CGT
L’entreprise Rivet est particulière car « elle est au service des associations, des collectivités, de la lutte sociale et de la CGT. Elle a été créée pour soutenir le mouvement social. Ici, les actionnaires ne se partagent pas les bénéfices, ils les réinvestissent », rappelle le syndicaliste.
En effet, 80 % du chiffre d’affaires est réalisé pour le compte de la CGT (tracts, bulletins d’information…), Rivet est également l’imprimeur du quotidien L’Echo.
Ce redressement fiscal est une menace pour les 80 salariés de l’imprimerie, les 40 de L’Echo et l’ensemble du réseau de sous-traitants. « C’est dramatique pour les familles touchées mais aussi pour l’économie locale car ces salariés ne placent pas leur argent en Suisse mais le dépensent ici », ironise le syndicaliste.
Feuilleton fiscal
Mais que reproche donc l’administration fiscale à l’imprimerie Rivet pour lui réclamer la somme rondelette de 1,2 Million d’euros ? Rivet presse édition est un imprimeur-routeur. « Le routage est une l’opération qui consiste à indiquer sur une enveloppe ou un film plastique l’adresse du destinataire, de l’abonné, explique Christian Sirieix, le directeur de l’imprimerie. Cette opération s’inscrit dans la continuité de chaîne de fabrication, ce qui en fait un produit unique qui nous permet de lui appliquer une TVA à taux réduit. C’est-ce que conteste l’administration fiscale, qui nous a redressés en appliquant une TVA à taux plein, un redressement majoré de 40 % pour notre mauvaise foi. »
Déjà en 2008, l’entreprise avait été redressée pour le même motif pour un montant de 840.000 €. Bercy lui avait à l’époque donné raison. « Nous avions déposé une requête au tribunal administratif de Limoges en 2012 qui a été rejetée le 31 décembre 2015. En mars 2016, nous avons fait appel auprès du tribunal de Bordeaux. Nous attendons mais le droit fiscal et une directive européenne nous donne raison », conclut Christian Sirieix. Ce mouvement est soutenu par l’UNIC, « syndicat patronal, sorte de MEDEF de l’imprimerie car c’est toute une filière menacée car après nous, c’est tous les autres qu’il faudra contrôler », assure Arnaud Raffier.
Le 13 décembre 2016
Stéphanie Barrat
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