[ACCUEIL DES MIGRANTS] Décision publique, décision privée... (tribune libre de « Descartes »)
"Hard cases make bad laws" (aphorisme juridique britannique)
N’avez-vous pas vu ces regards hagards, ces femmes en pleurs avec leurs bébés, ces hommes qui sautent de leurs canots pneumatiques sur le point de couler ? N’avez-vous pas entendu l’ensemble de la galaxie bien-pensante nous attendrir avec des discours interminables sur les enfants noyés dont les images – insoutenables – ont tapissé les murs d’images de nos téléviseurs ? N’avez-vous pas entendu la clameur des associations et des personnalités crient « on doit accueillir ces hommes et ces femmes, on doit les nourrir, on doit les loger, on doit scolariser leurs enfants, on doit leur trouver un travail, on doit les soigner… » et la liste continue.
Mais qui est ce « on » qui doit faire autant de choses ? Un regard même rapide chez quelques connaissances m’a permis de constater qu’aucune d’entre elles n’hébergeait un migrant dans son salon, ne nourrissait un migrant dans sa cuisine, n’habillait un migrant avec ses vêtements. Ce « on » n’est donc pas un « nous » mais un « lui ». Et ce « lui », on le voit rapidement, c’est cette version moderne de dieu tout-puissant qu’est devenu l’Etat. C’est l’Etat, ce pelé, ce galeux, à qui on demande par ailleurs de réduire ses dépenses pour pouvoir réduire les impôts, qui devrait prendre en charge toute cette misère humaine.
Pourquoi pas. Mais on ne peut que s’étonner de cette étrange pétition qui fait que l’Etat doit accueillir, loger, nourrir, éduquer et vêtir le soudanais qui a pris un canot pneumatique pour venir chez nous, et pas ceux qui sont restés chez eux. Pourquoi l’enfant qui se noie en essayant de traverser la Méditerranée devient un argument dans ce sens, et pas l’enfant qui meurt de faim, de soif ou d’une maladie infectieuse dans son village du Soudan, par exemple ?
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