Mai 68 : 50 ans après, que peut-on dire de Daniel Cohn-Bendit ?
Il fut “Dany le Rouge”, puis “Cohn-Bendit le vert”, il est à présent “Daniel Cohn-Bendit l’européen”. Pour les uns il a trahi ses idées, pour d’autres bien au contraire, il est depuis un demi-siècle le porte-drapeau incontestable des droits universels. Une chose est certaine : Daniel Cohn-Bendit ne laisse pas indifférent, et quoi que nous puissions dire de lui, chaque année au mois de mai, les médias occultent les presque 10 millions d’ouvriers et d’étudiants grévistes qui firent de mai 68 le plus grand conflit social de l’histoire, pour ne retenir qu’un seul nom : Cohn-Bendit.
Partant de ce constat, n’est-ce pas dès lors souhaitable, en rassemblant des éléments factuels, de comprendre pourquoi depuis tant de temps la presse accorde autant d’intérêt à Daniel Cohn-Bendit ? Comment, moins de 25 ans après la Libération, a-t-il pu devenir la figure de proue de la révolte étudiante ? De quelle manière parvient-il à rester crédible aujourd’hui, alors que si nous suivons ses déclarations, il semble toujours dire simultanément une chose et son contraire ? Pour essayer de répondre à ces questions, revenons sur quelques événements, médiatisés ou pas, qui ont marqué l’histoire de Daniel Cohn-Bendit.
Libéral pour bourgeois, libertaire pour bohème
En 1999, Daniel Cohn-Bendit déclare être « libéral-libertaire » reprenant ainsi à son compte un concept créé en 1972 par le sociologue Michel Clouscard.
A partir du plan Marshall, Clouscard nous enseigne que le capitalisme a besoin d’éviter une crise de surproduction. Le capitalisme a également intérêt à contenir la menace communiste. Quant à Charles de Gaulle, il semble acquis que sa résistance au diktat américain ne fut pas du goût de tout le monde. L’émergence d’une nouvelle industrie (légère) voit apparaître un nouveau mode de consommation. La société des gadgets est née. En conséquence de quoi le capitalisme peut user d’une nouvelle arme (la séduction). Cette stratégie vise à liquider la question sociale et tuer dans l’oeuf le socialisme. Mais la consommation ce n’est pas pour toutes les strates de la population, remarque Michel Clouscard. La société libérale est répressive envers les producteurs (le prolétariat) et elle est permissive envers les consommateurs (la bourgeoisie). De ce fait la consommation des uns est le travail des autres.
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