UNION EUROPÉENNE : comment les traités favorisent les grands intérêts privés
FIGAROVOX/ENTRETIEN - A l'occasion de la publication de son dernier livre, Antisocial, le politologue Thomas Guénolé détaille les motifs de sa critique de l'Union européenne. Selon lui, les traités actuels favorisent uniquement les grands intérêts privés et obligent les Etats-membres à mener une politique de «casse sociale».
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Thomas Guénolé est politologue, maître de conférences à Sciences Po et docteur en Science politique (CEVIPOF). Membre de La France Insoumise, il est coresponsable de l'école de formation politique du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Il vient de publier Antisocial, La guerre sociale est déclarée (Plon, mars 2018).
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FIGAROVOX.- Dans votre livre «Antisocial», vous écrivez que l'Union européenne organise la transformation systématique des services publics de la France en grands marchés privés. Sur quoi fondez-vous cette affirmation?
Thomas GUÉNOLÉ.- C'est dans le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne: le TFUE. Il interdit aux États de laisser des entreprises en situation de monopole. Et il confie à la Commission européenne le soin de lancer les réformes pour casser ces monopoles. Ce sont les articles 101 à 110 du traité, c'est facilement vérifiable.
Sur cette base, depuis les années 1990, on assiste à la répétition systématique du même engrenage contre nos services publics. D'abord, la Commission fait adopter à l'Union européenne un plan de transformation d'un service public en grand marché. Ensuite, en France, le service public étatique concerné est transformé en entreprise publique et les nouvelles recrues deviennent des salariés de droit privé. C'est présenté comme un simple «changement juridique», mais c'est le début de la fin. Car ensuite, au nom des règles européennes qui interdisent de laisser une entreprise en monopole, le service public est transformé en marché où des concurrents privés sont autorisés à s'installer. Et parallèlement, l'entreprise publique est souvent plus ou moins massivement privatisée, cette fois en invoquant le manque d'argent de l'État: on «vend l'argenterie».
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