Annick Coupé : « Le SYNDICALISME est un outil irremplaçable »
Un café proche de la Bourse du Travail, à Paris. La radio passe « Le Sud » de Nino Ferrer ; Annick Coupé commande du vin. Celle qui fut tour à tour caissière, institutrice et employée de La Poste a également été cofondatrice de SUD-PTT et ancienne porte-parole, de 2001 à 2014, de l’Union syndicale Solidaires (forte, à sa passation de flambeau, de 110 000 adhérent.e.s) : c’est à ces titres que nous tenions à la rencontrer. Le déclin du taux de syndicalisation est un marronnier de la presse française (11 % des travailleurs, en 2013) ; les raisons avancées sont multiples : désindustrialisation, précarisation, discontinuité des parcours professionnels, montée du chômage, individualisation et mise au pas capitaliste des imaginaires. Mais c’est d’institutionnalisation dont nous discuterons tout en revenant sur le parcours personnel de cette militante féministe de longue date : comment maintenir un syndicalisme combattif et soucieux de ne pas parler à la place des salarié.e.s ?
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Quand commence votre engagement ?
Je suis d’une famille de petits commerçants de milieu rural, plutôt gaullistes, sans être trop à droite. J’étais la plus jeune de quatre enfants ; mes frères et sœurs ne sont pas du tout engagés. Mon engagement commence en 1968, en seconde. Dans mon lycée de Normandie, un mouvement s’était initié : j’y ai participé sans réellement en avoir conscience. Je me souviens très bien du moment où les élèves de terminale sont passés dans les classes pour nous demander nos revendications ; deux choses étaient sorties : de meilleures conditions — notamment au foyer lycéen — et des cours d’éducation sexuelle. C’est assez représentatif de ce qu’était la société à ce moment-là, avec des jeunes étouffant dans une société conservatrice. Ensuite, j’ai été déléguée de classe, tout en étant confrontée à des problèmes de discipline.
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