Le donnant-donnant d’AIX-LA-CHAPELLE
C’est ce qui s’appelle avoir le sens du symbole. Le 21 janvier, Emmanuel Macron paradait à Versailles, dans le château du Roi-Soleil. Objectif : séduire les plus grands patrons des multinationales. Le lendemain, il officiait à Aix-la-Chapelle, la capitale de Charlemagne. Il s’agissait de signer un nouveau traité franco-allemand.
Ledit traité a suscité beaucoup de commentaires unilatéraux, caricaturaux, voire fantaisistes. Ce qui a permis, en retour, à certains d’assurer que le texte était en réalité anodin, ce qui n’est pas le cas.
Pour en saisir le contexte et l’esprit, il convient de lire l’accord lui-même, mais aussi les allocutions des deux dirigeants lors de la cérémonie. Angela Merkel n’a pas caché que diverses dispositions ont été âprement négociées. Elle a rappelé que c’est son hôte qui en a le premier lancé l’idée (à la Sorbonne, en septembre 2017).
Une angoisse commune des deux protagonistes pointe face à un ordre où la domination occidentale ne va plus de soi
A travers les discours des deux protagonistes pointe une angoisse commune face à un ordre où la domination occidentale – que certains avaient cru éternellement établie après la disparition de l’URSS – ne va plus de soi. Montée de la Russie, de la Chine, ainsi que d’autres puissances émergentes, mais aussi imprévisibilité du président américain qui déstabilise tant ses alliés : tout cela constitue un inquiétant « tumulte du monde », selon le chef de l’Etat français, qui ajoute : « la menace (…) vient de l’extérieur de l’Europe » mais aussi « de l’intérieur de nos sociétés ». Angela Merkel fait écho : « le populisme et le nationalisme se renforcent dans tous nos pays », et cite en premier lieu le Brexit – un cataclysme pour les deux dirigeants effrayés par la menace d’épidémie dans une Union européenne qui prend l’eau de toutes parts.
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