TRUMP: Tanguant vers une nouvelle politique étrangère ? [Par Graham E. Fuller]
Le 6 janvier 2019
Si la montée en puissance de nouvelles puissances fortes comme la Chine remet en question l’ancien ordre géopolitique dominé par les États-Unis, qu’en est-il de l’inverse ? Le défi lancé à l’ordre international par une grande puissance en déclin et erratique de plus en plus en désaccord avec un nouvel ordre émergent – même sans Trump ?
Chaque jour, les manchettes révèlent un sentiment de déclin de la puissance et de l’influence géopolitique américaine. Cela s’explique en partie par l’ascension naturelle d’autres pays comme la Chine, la Russie, l’Inde, la Turquie et le Brésil en tant que nouveaux acteurs importants. Mais une grande partie de cette situation est également due à l’effondrement de la logique de l’empire américain, aux bévues massives de la politique étrangère américaine des trois dernières décennies et aux atteintes brutales que ces guerres ont imposées aux ordres politique, économique et social américains – sans mentionner celles qui ont fait des victimes outremer dans ces guerres.
La nature changeante et désastreuse de tant de politiques de l’administration Trump tend à masquer les racines profondes de ce déclin auto-créé. Comme c’est facile, même réconfortant et finalement dangereux de tout mettre sur le dos de Donald Trump. Une telle concentration sur ses défauts personnels favorise l’illusion que Trump lui-même est fondamentalement le problème et que son départ amènera donc la résolution de ces problèmes. Ce ne sera pas le cas. Leurs racines sont beaucoup plus profondes. En politique étrangère, elles remontent au moins à l’effondrement de l’Union soviétique et au moment dit « unipolaire » où les États-Unis ont adopté l’idée qu’ils étaient désormais la seule superpuissance mondiale, capable d’établir une hégémonie mondiale incontestée à long terme. Rappelez-vous comment cela allait annoncer le prochain « Siècle Américain ? »
La grande majorité de l’élite de la politique étrangère américaine incarne encore ces concepts. Ils perçoivent l’hégémonie des États-Unis comme l’état naturel des choses, peut-être même un don de Dieu ; toute opinion qui va à l’encontre de cette croyance est inconcevable, ridicule quant à la nature même du monde, idéologiquement inacceptable, ou même traître.
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