Un entretien avec Jean-Claude MICHÉA: « On ne peut être politiquement orthodoxe »
Cet article a été publié le 4 février 2015 sur le site BALLAST, il reste d’actualité :
Poursuivons notre exploration des anarchismes contemporains. La discussion met à l’épreuve : quoi de plus tentant, dès lors, qu’un ancien membre du Parti communiste et impénitent lecteur de Marx pour évoquer la tradition libertaire pourtant omniprésente dans son œuvre ? Jean-Claude Michéa occupe une place discutée dans la pensée critique contemporaine : le philosophe montpelliérain, connu pour sa réhabilitation du socialisme populaire d’Orwell, se tient loin des médias, loue les vertus du football et du populisme, tance l’Université et martèle que la gauche a tourné le dos au combat de classes. Lordon, Corcuff, Halimi, Boltanski, Fassin, Garo et Amselle (rien moins !)ont ferraillé contre celui, désormais proche des mouvements décroissants et sympathisant de Podemos, qu’ils accusent de ravitailler la droite réactionnaire. Tentons d’y voir plus clair…
Vous venez du PCF et possédez une formation marxiste. Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à ces « frères ennemis », pour reprendre la formule de Daniel Guérin, que sont les anarchistes1 que vous citez à longueur de pages ?
Bien des problèmes rencontrés par le mouvement anticapitaliste moderne tiennent au fait que le terme de « socialisme » recouvre, depuis l’origine, deux choses qu’il serait temps de réapprendre à distinguer. Il s’applique aussi bien, en effet, à la critique radicale du nouvel ordre capitaliste issu des effets croisés de la révolution industrielle et du libéralisme des Lumières qu’aux innombrables descriptions positives de la société sans classe qui était censée succéder à cet ordre, qu’il s’agisse du Voyage en Icarie de Cabet, du nouveau monde sociétaire de Charles Fourier ou de la Critique du programme de Gotha de Karl Marx. Or il s’agit là de deux moments philosophiquement distincts […]
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