Traité d’Aix-la-Chapelle : de quel droit ? Par Yvonne Bollmann
Par Yvonne Bollmann
Dans la série d’émissions « Moi Président 2017 » sur Franceinfo, l’invité du 15 novembre 2016 avait été Joachim Bitterlich, un diplomate allemand, qui fut conseiller du chancelier Helmut Kohl pour la politique européenne. Sa mesure phare était de créer « une grande région transfrontalière entre la France et l’Allemagne », qui « engloberait l’Alsace, la Lorraine mais aussi la Sarre allemande et le pays de Baden » [1].
Ce qui était de la politique-fiction en 2016 est devenu réalité par la signature du traité d’Aix-la-Chapelle – du moins un début de réalité, puisque le traité n’est pas ratifié.
Cœurs battants
Le 11 novembre 2017, trois membres du Bundestag ont publié dans Frankfurter Allgemeine Zeitung et Le Monde une réponse au discours sur l’Europe prononcé en septembre à la Sorbonne par Emmanuel Macron [2]. Ils ont proposé « que l’Assemblée nationale et le Bundestag allemand adoptent, le 22 janvier 2018, pour le 55e anniversaire du Traité de l’Élysée, une même résolution, qui soit à la fois l’expression de l’amitié de nos deux peuples et un mandat pour agir adressé à leurs gouvernements respectifs ». Un nouveau traité devait selon eux « revêtir deux dimensions, européenne et bilatérale, l’accent étant mis sur la force des régions frontalières » (Le Monde). L’article en version originale allemande dit qu’ « au cœur » du nouveau traité doit se trouver « une profession de foi en faveur de régions frontalières fortes » (« mit einem Bekenntnis zu starken Grenzregionen als Herzstück »). C’est une vision quasi religieuse du transfrontalier.
On n’est pas loin, par le caractère organique des métaphores (cœur, pouls), de l’esprit qui anime l’association Pulse of Europe, décrite dans le rapport de la commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale sur les conventions démocratiques de refondation de l’Europe (décembre 2017) : « Née dans le contexte particulier du Brexit, cette association a commencé, il y a près d’un an et demi, à tenir des conventions spontanées sur les grandes places des villes allemandes.
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