Grève à L’HÔPITAL psychiatrique Marchant à Toulouse – INTERVIEW d’un infirmier, militant syndical

Le 28 mai 2019, le personnel de l’hôpital psychiatrique Marchant, à Toulouse, a démarré une grève, toujours en cours, à l’appel du syndicat SUD. Les grévistes protestent contre un manque de moyens criant et revendiquent une augmentation des dotations en lits et en personnel, pour pouvoir travailler dans des conditions dignes.
Interview avec Guillaume Lahellec, infirmier et secrétaire du syndicat SUD.

Comment fonctionne l’hôpital Marchant et quelle zone couvre-t-il ?
On a plein de petites structures sur l’ensemble du département, en plus du site de l’hôpital Marchant, pour un total de 1500 salariés. Ici, en intra-hospitalier, on soigne l’équivalent de 400 patients. Chaque service a une capacité qui lui est propre. En service d’admission, on soigne 22 patients avec trois infirmiers et un aide-soignant. En service de suite (ou service SSR – soins de suite et de réadaptation), on soigne 22 patients avec un aide-soignant et un infirmier.
En plus de l’unité psychiatrique, nous avons un EHPAD, où la situation est dramatique. Nous avons un infirmier et trois aides-soignants pour 40 patients avec des pathologies très lourdes : poly-pathologies, Alzheimer, pathologies psy associées… Ils ont besoin de traitements lourds : soins somatiques, pansements, sondages urinaire, perfusions...
Lorsque n’importe quel citoyen de l’agglomération toulousaine souffre de troubles psychiatriques, il dépend d’un secteur de soin, suivant son adresse. L’agglomération toulousaine est découpée en huit secteurs, dont sept à la charge du CH Marchant. Par exemple, si un citoyen souffre d’une dépression ou d’une crise suicidaire, il va contacter un Centre Médico-Psychologique (CMP). C’est une unité de ville où il y a des infirmiers et des médecins. Un secteur est aussi composé d’un service d’admission en intra-hospitalier, pour gérer le côté aigu de la pathologie.
On sait que le soin de psychiatrie a été créé pour un bassin de population de 70 000 habitants, soit un secteur pour 70 000 habitants. Aujourd’hui, on en est à un secteur pour 200 000 habitants. Il nous faudrait donc trois fois plus de moyens pour soigner correctement.
L’hôpital Marchant est l’hôpital le plus dur de France. 80 % de nos patients sont hospitalisés sous contrainte. Ce sont souvent les pathologies les plus lourdes. Cela comprend les hospitalisations à la demande d’un représentant de l’Etat. Lorsqu’il y a un trouble à l’ordre public et que le sujet se retrouve en garde à vue, les flics évaluent s’il y a peut-être un délire, un problème psy. Puis un expert psychiatre – mandaté par le préfet – dit s’il faut l’hospitaliser. C’est une injonction et on a l’obligation de recevoir le patient, dans la minute. Sauf que nous, parfois, on n’a plus de place pour accueillir ce patient […]
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