JOURNALISTE ou JOURNALISTE-MILITANT ?
Un reporter qui n’est pas payé par Niel ou Drahi n’est pas un journaliste.
Par Jacques-Marie BOURGET
Pour "Le Monde", et la presse qui va avec, un journaliste ne peut être qu'un membre du groupe du sérail de la fratrie de la convenance. Dés qu'un mal élevé, inconnu des réseaux de pouvoir, mais profondément JOURNALISTE met son nez sans carte de presse dans un dossier qui bouscule l'ordre établi, il est soulevé avec des pincettes car il sent mauvais, comme tous ces êtres qui ne sont pas du bon monde.
Mes derniers amis, avec lesquels je viens de me réunir dans une cabine de karaoké, le savent, je ne suis pas du genre à critiquer la police. Quand ils coupent des mains, éborgnent des regards, provoquent la mort d’une vieille dame à Marseille je trouve ça vraiment juste et bien. D’ailleurs la vieille dame on ne va pas la compter puisqu’elle est algérienne. L’action policière est conforme à la comptine des Droits de l’homme, telle que récitée par Castaner : nous sommes une grande démocratie où la répression ne saurait être injuste. Les borgnes et les sans main, qui ont remplacé les « sans dents », doivent s’affirmer heureux. Le coup de matraque, le pétard du flash-ball sont comme le goupillon qui bénit le pécheur, ou le coup de règle de l’instit vintage. Va en paix mon fils.
Mais ce qui m’a choqué, et là je vais être franc avec les amis de la police, c’est l’arrestation et la garde à vue d’un journaliste. Donc d’un confrère. Comme c’est une espèce en voie d’extinction, j’aime les hommes de presse, tout autant que le regretté volatile, le dodo. Mon premier mouvement a été de sauter sur une trottinette d’Hidalgo, qui n’est pas lente, pour foncer vers le commissariat d’Alfortville où le reporter était détenu par d’exquis policiers. Mon second mouvement fut de lire à la volée, sur téléphone, ce que disait la presse des malheurs du confrère : « Le journaliste militant Taha Bouhafs poursuivi pour « outrage », son téléphone mis sous scellé », lis-je dans « Le Monde » […]
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COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Protection des sources : attention parquet glissant !
Le mardi 11 juin à Alfortville (Val-de-Marne), Taha Bouhafs a été violemment interpellé par les forces de l’ordre alors qu’il couvrait pour le site d’information Là-bas si j’y suis une manifestation de soutien à des travailleurs sans papiers dans un centre Chronopost.
Bien qu’ayant fait mention de son statut de journaliste, il a été brutalisé lors de l’arrestation, ce qui lui a valu une épaule déboîtée et dix jours d’ITT. Son avocat a annoncé avoir déposé plainte pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ». Placé en garde à vue, il a été remis en liberté avec une convocation au tribunal pour « outrage et rébellion sur personne dépositaire de l’autorité publique ».
Lors de sa garde à vue, les policiers ont saisi son smartphone, ce même appareil qui lui avait servi à filmer les images d’un certain Alexandre Benalla, le 1er mai 2018, place de la Contrescarpe. Outre le fait de constituer son principal outil de travail, ce téléphone contient évidemment toutes ses images et tous ses contacts.
Première organisation de la profession, le Syndicat national des journalistes (SNJ) apporte son soutien à Taha Bouhafs, et s'interroge sur les motivations du parquet de Créteil, qui a récupéré le téléphone, placé sous scellés. Une fois encore, un procureur prend une initiative en contradiction avec la loi du 4 juillet 2010. Cette confiscation constitue une atteinte caractérisée à la protection du secret des sources des journalistes, pierre angulaire de la liberté de la presse. Les intimidations et les violences contre les journalistes doivent cesser.
Paris, le 16 Juin 2019
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