J’ACCUSE ! Le film de Roman Polanski vu par Francis Arzalier

Les écrans français projettent actuellement, malgré les hurlements de quelques écervelés appelant à la censure, le film de Roman Polanski " J’accuse ". Titre en référence à l’article d’Émile Zola dans le Figaro en 1898, qui eut le courage de dénoncer la condamnation pour trahison et espionnage d’un officier français nommé Albert Dreyfus, grâce à de fausses preuves. Et quand un officier honnête (Piccart) découvrit que ces "preuves" ("le bordereau ") étaient d’une autre écriture (celle de l’officier Esterhazy, aristocrate désargenté), les autorités de l’État et de l’armée refusèrent longtemps de le reconnaître. Parce que l’armée ne pouvait se tromper, et surtout parce que Dreyfus était juif, et donc supposé proche de l’Allemagne.
Il fallut à Zola effectivement du courage pour accuser ces autorités, car l’opinion française était alors, bourgeoisie et ouvriers, massivement nationaliste, avide de revanche contre l’Allemagne, et largement antisémite. Le livre de Drumont " la France juive", dans lequel il expliquait comment repérer un juif à l’odeur, était un best-seller, et Jaurès qui refusait la course à la guerre, était dénoncé comme juif dans le Paris Match de l’époque, le " Petit Journal " illustré.
Soyons clair : Tant mieux, si un grand metteur en scène, né Polonais, émigré aux USA qu’il a dû fuir, et contraint depuis de vivre en Suisse, a retracé avec talent cet épisode peu glorieux de l’histoire de la France du XXème siècle, puisqu’aucun producteur ou cinéaste français n’a eu le courage de le faire !