Pour Emmanuel MACRON, tout l’enjeu consiste à SAUVER LE CAPITALISME sanitaire et ses grandes industries

Par Barnabé BINCTIN
Après avoir évoqué le retour d’un « État-providence », Emmanuel Macron vient d’annoncer un « plan massif d’investissement pour notre hôpital ». De quoi, enfin, répondre aux revendications des soignants mobilisés depuis plus d’un an à ce sujet ? Rien n’est moins sûr à en croire Pierre-André Juven, sociologue de la santé publique, qui met en garde contre les discours en trompe-l’œil. Entretien.

Basta ! : Dans votre livre La casse du siècle. À propos des réformes de l’hôpital public, vous dénoncez le détricotage néolibéral des politiques de santé publique depuis 40 ans. À l’occasion de son premier grand discours sur la crise du coronavirus, Macron a annoncé vouloir « reprendre le contrôle » de « biens et de services qui doivent être placés en dehors des lois du marché » et de « décisions de rupture ». Ses propos sont-ils de nature à vous rassurer ?
Pierre-André Juven : Emmanuel Macron a surpris beaucoup de monde, le 12 mars, avec son laïus sur l’État-providence, un « atout indispensable » dit-il. Il ne faut pas se tromper de lecture et bien comprendre ce qu’il entend par État-providence. Dans son optique, l’État-providence doit surtout déployer les conditions d’épanouissement du marché qui, en retour, améliorera les conditions de vie des personnes. L’État-providence doit certes protéger des risques de la vie, mais dans son prisme néolibéral, il doit aussi être le financeur des entreprises de santé en misant sur le fait qu’elles seront par ailleurs compétitives sur la scène internationale. En finançant ces entreprises, en les rendant solvables, il transforme donc ce qui pourrait apparaître comme un coût en une opportunité de marché. C’est donc cette opportunité que le fameux État-providence doit soutenir, notamment dans le domaine pharmaceutique et numérique. Le Covid-19 est certes en train de bouleverser le monde, mais je ne crois pas qu’il ait la capacité de convertir Emmanuel Macron au communisme.
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