« COLLABORATEUR » : quand le bourgeois fait de vous son égal pour mieux vous mettre à genoux


Collaborateur/collaboratrice : mode de désignation des salariés, employés et subordonnés dans la plupart des entreprises contemporaines, ainsi que dans le discours médiatique comme politique. Notons que ce mot a connu un retournement historique stupéfiant : durant la Seconde Guerre mondiale, il désignait les partisans d’une collaboration avec l’envahisseur nazi avec, en option, l’assistance à la déportation de juifs. Désormais, il désigne les personnes qui signent un contrat de travail pour “collaborer” à la croissance des profits d’une entreprise privée. Notre langue est décidément pleine de surprises !
“Nos collaborateurs : l’énergie qui fait avancer notre groupe”, annonce fièrement Total sur son site web. Après une acquisition juteuse, le PDG du laboratoire pharmaceutique Abbvie explique au magazine L’Usine Nouvelle : “C’est un grand moment pour l’entreprise et tous nos collaborateurs.
Nous sommes en train de créer le quatrième plus grand laboratoire mondial, c’est donc un nouveau chapitre stratégique.” Est-ce aussi un grand moment pour les actionnaires ?
Nier le lien de subordination pour nous priver de ses contreparties
En parlant de collaborateurs plutôt que de salariés, les actionnaires et le patronat nous donnent une jolie place : ils font comme si nous étions leurs égaux. Ainsi, ils nient le rapport de domination qu’ils exercent sur nous via un contrat de travail pour mieux nous priver des contreparties qu’il comporte : temps de travail prédéfini, salaire fixe, mission claire.
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