Maintien de l’ordre en France : MAIS QUE FAIT LA POLICE ?
Le 9 janvier dernier, la vidéo d’un policier faisant volontairement un croche-pied à une femme déjà interpellée et inoffensive scandalisait sur les réseaux sociaux. Cette affaire aura contraint le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner à s’exprimer à ce sujet, reconnaissant le manque de professionnalisme du policier incriminé. Pourtant, et bien qu’un croche-pied soit évidemment inacceptable, cela fait maintenant plus d’un an que la police mutile et blesse des citoyens qui manifestent. D’ailleurs, une semaine seulement après cet épisode, une nouvelle vidéo circulait, où l’on voyait un policier frapper un homme à terre, déjà interpellé et lui aussi inoffensif. Cette fois, le ministre de l’Intérieur n’a pas jugé bon de commenter l’incident. « Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière », affirmait pourtant le préfet de police de Paris Maurice Grimaud dans sa lettre aux policiers du 29 mai 1968, où il les avertissait contre « l’excès dans l’emploi de la force ». Cette mise en garde semble malheureusement plus que jamais d’actualité : alors que les violences policières – tant dans les manifestations que dans les banlieues – se multiplient, bien des responsables du maintien de l’ordre public en France semblent aujourd’hui oublier que garantir l’ordre républicain suppose d’abord que l’institution qui y est dévolue le respecte elle-même.
L’ÉVOLUTION DES DOCTRINES DU MAINTIEN DE L’ORDRE DEPUIS LE DIX-NEUVIÈME SIÈCLE
Jusqu’à la fin du 19e siècle, c’était l’armée qui réprimait les mouvement sociaux et les manifestations. Elle les réprimait dans le sang, avec ses armes habituelles – les manifestants n’étant plus considérés comme des citoyens, mais comme des ennemis. Le massacre de la « semaine sanglante » qui mit fin à la Commune de Paris en témoigne. Mais d’autres épisodes macabres jalonnent l’histoire des revendications sociales en France : le 1er mai 1891, à la fin d’une manifestation festive pour la journée de travail de huit heures, l’armée tire sur la foule, faisant neuf victimes – toutes âgées de moins de trente ans. C’est la fusillade de Fourmies. L’inexpérience des soldats et leur incapacité à gérer une foule de manifestants est mise en avant dans l’explication de ce drame.
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