À propos de la DROITISATION de la corporation policière : un entretien avec l’historien Emmanuel Blanchard.


Gardiens de la paix ?
« Il n’y a effectivement plus de voix de gauche qui portent à l’intérieur de la corporation policière »
La critique des violences policières ne date pas d’hier, mais elle s’est renouvelée. Elle est même devenue un dénominateur commun aux zadistes, aux marcheurs pour le climat, aux Gilets jaunes, aux lycéens ou aux quartiers populaires qui y sont confrontés de longue date. Dans un contexte où plus rien ne semble freiner le mouvement de droitisation des policiers...
Entretien avec l’historien Emmanuel Blanchard.

Basta ! : :Outre la dénonciation du caractère raciste de l’institution policière, la mobilisation actuelle porte également sur ses méthodes et notamment son usage déraisonné de la force, classés derrière le terme de « violences policières ». Cette question est-elle fondamentalement nouvelle ?
Emmanuel Blanchard : La dénonciation des violences policières et de l’illégitimité de la police est un répertoire politique qui est presque concomitant de l’acte de naissance de la police moderne. Tout au long du 19ème siècle, que ce soit du côté des anarchistes, des communistes et des socialistes mais aussi chez ceux qui se disent nationalistes, cette critique de la police et de sa violence ontologique est centrale. Elle s’exprime d’autant plus fortement que les appareils policiers deviennent de plus en plus étatisés et bureaucratisés. C’est une critique qui court au moins jusque dans les années 1950, portée notamment par le Parti communiste qui dénonce les « gardiens du capital » et une police répressive, politique, violente contre le peuple.
À la Libération et avant le début de la guerre froide, le PCF avait cependant une autre position : il cherchait à définir ce que pourrait être une « police au service du peuple ».
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