SACRIFIÉS – Le Billet d'humeur du Docteur Christophe Prudhomme
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La crise sanitaire liée au coronavirus est l’objet d’une dramatisation excessive de la part des pouvoirs publics qui est motivée essentiellement par leur volonté de masquer leur gestion erratique, dans un contexte de saturation hospitalière due aux fermetures massives de lits de ces dernières années. Il ne s’agit pas de nier la gravité de la situation mais de raison garder et surtout de comprendre qu’il s’agit bien entendu de limiter la propagation du virus mais aussi de veiller la santé de l’ensemble de la population dans ses trois composantes physique, psychologique et sociale.
La stigmatisation de la jeunesse, focalisée sur des comportements inadaptés, est contre-productive. Qu’il soit licite de fermer les discothèques et de limiter les rassemblements festifs ne doit pas faire oublier que la jeunesse souffre de la situation. Les jeunes inscrits dans les formations de santé voient pour la deuxième fois leurs cours suspendus et être utilisés comme substituts des personnels qui manquent sur le terrain. Ils servent ainsi de main d’œuvre à bon marché pour effectuer des tâches pas toujours très valorisantes et leur rémunération est ridiculement basse dans un contexte social très difficile pour eux. En ce qui concerne les autres étudiants, leur formation est aussi très compliquée avec des difficultés pour trouver des stages du fait de la réduction de l’activité économique et la perte très fréquente des petits boulots qui leur permettaient de pouvoir boucler leur budget.
Les conséquences sont déjà palpables avec des difficultés psychologiques qui explosent dans un contexte d’isolement et de disparition des liens sociaux très importants à cet âge. A moyen terme, les difficultés risquent de s’aggraver avec l’angoisse de ne pas pouvoir finir ses études, obtenir un diplôme et pouvoir intégrer un emploi, bref « s’installer dans la vie ».
La mission de l’État et donc du gouvernement est de s’occuper des besoins de l’ensemble de sa population. Laisser de côté une classe d’âge va entraîner un fort ressentiment qui aura des conséquences sur l’ensemble de notre société. Surtout quand il s’agit de la jeunesse qui est souvent désignée comme « l’avenir de la Nation ».
Docteur Christophe Prudhomme
Praticien hospitalier – SAMU 93
Source : Facebook