C’est NOËL pour l’industrie pharmaceutique – Le Billet d'humeur du Docteur Christophe Prudhomme
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Lors d’une intervention avec le SAMU chez une patiente, je remarque parmi ses médicaments une plaquette de comprimés portant des inscriptions en russe. Il s’agit de l’équivalent du fameux Levothyrox®. Après enquête, j’apprends que le laboratoire Merck alimente le marché français avec des boîtes fabriquées en Allemagne et destinées normalement à la Russie. Ce médicament fait partie des centaines de produits en rupture d’approvisionnement chaque année en France. Comme par hasard ce sont souvent des produits anciens, très efficaces et peu coûteux (selon le dosage la boîte de 30 comprimés de Levothyrox® coûte entre 1,13 et 3,57 euros). Par contre le remdésivir qui a été mis précipitamment sur le marché pour traiter la COVID-19 et qui finalement s’est avéré inefficace a été acheté au prix de 2.070 euros par traitement (500 000 doses commandées par la Commission européenne). Il ne faut donc pas s’étonner des profits faramineux engrangés cette année par les laboratoires pharmaceutiques qui ont par ailleurs bénéficié de versements très importants sous la forme de préachats pour les vaccins contre le SARS-CoV-2.
Voici quelques éléments concernant leurs résultats partiels pour 2020. Pfizer qui est arrivé premier pour commercialiser un vaccin : 4,2 milliards de dollars de bénéfices pour le 3e trimestre. Sanofi, le « champion » français de la pharmacie : 2,27 milliards d’euros sur la même période alors qu’il a supprimé 5 000 postes en 6 ans dont 2 500 dans la recherche, ce qui explique peut-être son retard pour la mise au point du nouveau vaccin. Pharmacia : 1,5 milliards de dollars sur 9 mois, en hausse de 61 % par rapport à 2019. Merck : 2,9 milliards de dollars au 3e trimestre. Glaxo-GSK : 2,5 milliards d’euros au 2e trimestre, etc.
Bref, c’est Noël avant l’heure pour l’industrie pharmaceutique qui accumule les bénéfices tout en se gavant de fonds publics. Tout cela dans l’opacité la plus totale sur les coûts de recherche et de production du fait de « clauses de confidentialité » imposées dans les contrats. Il s’agit d’un véritable scandale qui doit cesser.
Docteur Christophe Prudhomme
Praticien hospitalier – SAMU 93
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