TÉMOIGNAGE : « Pour changer le monde, il faut être vivant et à plusieurs, ce sont les deux conditions » [Un entretien avec Anas K, étudiant à Lyon 2, qui a tenté, dans un geste désespéré, de s’immoler par le feu]
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Le 8 novembre 2019, Anas K, étudiant de 22 ans à Lyon 2, tente dans un geste désespéré de s’immoler par le feu devant un restaurant universitaire du CROUS lyonnais. Plus d’un an et trois mois après cette tentative de suicide, le visage d’Anas est méconnaissable et son corps brûlé à 75%. Il témoigne aujourd’hui pour Le Monde Moderne, après avoir repris le combat contre la précarité étudiante. Un témoignage particulièrement puissant au cœur de ce contexte de pandémie mondiale, qui met à mal les corps et les esprits de bon nombre d’étudiants souvent isolés, délaissés et pour certains sacrifiés.
Entretien réalisé le 22 janvier 2021.
Quelle était ta situation personnelle au moment d’entreprendre ce geste devant le CROUS lyonnais ? Y’a-t-il eu un élément déclencheur ?
J’étais étudiant à Lyon 2, je faisais une deuxième année pour la troisième fois. J’étais à la recherche d’un emploi, je n’avais plus de bourse car selon le CROUS je n’y avais plus droit à ce moment-là. Pour couronner le tout, je n’avais plus de chambre en cité U au CROUS car je n’avais pas pu en reprendre une. À ce moment-là, aucune possibilité ne m’a été offerte. J’ai eu la chance de ne pas être à la rue. J’habitais chez ma copine du moment. C’était une situation très compliquée. Par exemple, je ne pouvais pas quitter ma copine car financièrement je ne pouvais pas me le permettre. À ce moment-là, le CROUS et les pouvoirs publics n’avaient toujours aucune solution à me proposer. J’avais eu une mononucléose l’an passé mais selon l’assistante sociale, ce n’était pas une raison suffisante pour obtenir une chambre ou une bourse supplémentaire comme ça peut être le cas pour les étudiants qui ont des soucis de santé. Ensuite dans ma tête, tout est allé très vite.
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