Révolution culturelle, lucidité et socialisme à CUBA et en Amérique latine
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À propos du récent débat cubain
Par Néstor Kohan
Publié dans La Pupila Insomne le 21 décembre 2020
ATTENTION ! Perle rare ! Nous invitons nos lecteurs à lire cet article un peu long jusqu’au bout.
L’auteur est argentin, né à Buenos Aires en 1967. C’est un philosophe, intellectuel et militant marxiste argentin appartenant à la nouvelle génération des marxistes latino-américains. Dans le cadre de cette tradition de pensée politique et culturelle, il a publié une trentaine de livres portant sur des réflexions autour du marxisme en Amérique Latine principalement, l’histoire et la philosophie.
Son article est une contribution au débat qui a « agité » l’intelligentsia cubaine (et au-delà) ces dernières semaines autour du « Manifeste » lancé par environ 200 artistes cubains (NdT : fin novembre 2020) qui ont manifesté devant le ministère de la Culture et appelé au « dialogue » après l’expulsion énergique au petit matin des membres du « Collectif d’artistes San Isidro » qui réclamaient la libération d’un chanteur de rap emprisonné. Sa manière à lui de remettre les pendules à l’heure, comme l’on dit par chez nous.
Gonzalo Dorado
Je publie ces lignes avec douleur et pas mal d’angoisse. Je ne cesse de penser à l’amitié, valeur éthique suprême pour un voisin de mon quartier appelé Epicure.
J’ai écrit ce texte une nuit d’insomnie il y a exactement une semaine. Je l’ai remanié de nombreuses fois. J’ai beaucoup hésité à le publier. Je l’ai partagé en privé avec des amis du Mexique, du Chili, d’Espagne, du Salvador et d’Argentine. Je l’ai également partagé avec trois ou quatre amis de Cuba. J’ai demandé leur avis. J’ai écouté et lu des observations diverses y compris rencontrées ici ou là. J’ai alors décidé de ne pas le publier surtout en privilégiant l’amitié. Les premiers lecteurs et lectrices ont insisté pour que je le publie. J’ai résisté. Je ne veux pas mettre le bazar en affirmant quelque chose d’insensé.
Néanmoins, en lisant l’excellent article de Llanisca Lugo « Ne ressentons aucune honte à aimer la révolution », j’ai changé d’avis. Le voici finalement.
Nous vivons la crise capitaliste la plus profonde du monde. Encore plus aigüe que celles de 1929, 1973-1974 et 2007-2008. Une crise multidimensionnelle, structurelle, systémique, distincte des crises cycliques de surproduction de capitaux et de marchandises tout comme celles de sous-consommation, d’inflation et de stagnation. Cette crise n’est pas seulement financière mais aussi elle est productive, écologique, démographique et sanitaire. L’espèce humaine est en danger comme en a alerté Fidel en 1992. La planète craque. Le capitalisme nous entraîne vers l’abîme de manière accélérée si nous ne le freinons pas à temps.
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