Six idées reçues sur la CHINE et le Monde au XXIème siècle
/image%2F1449569%2F20210402%2Fob_e3ca1b_chine-photo-couleurs.jpg)
Ces dernières années ont vu une évolution rapide et spectaculaire de la place de la Chine dans l’équilibre mondial. Que ce soit au plan commercial, militaire ou géostratégique, il n’y a plus un seul pan des relations internationales qui ne soit impacté par ce pays. Essayons ici de revenir sur quelques idées communément reçues sur ce sujet et de montrer qu’elles ne correspondent plus à la réalité de ce début de XXIème siècle.
Première idée reçue : en politique intérieure, le libéralisme économique de la Chine la conduira nécessairement au libéralisme politique
Cette affirmation ne repose pour l’instant sur aucune réalité tangible. Au contraire, l’actuel président chinois, M. Xi Jinping, est plutôt en train d’imposer une discipline stricte au sein du parti qui lui-même contrôle tous les rouages de l’économie du pays. Par exemple, il a mis fin à la limite des mandats présidentiels. Car, si son prédécesseur, M Hu Jintao, avait impulsé une croissance économique spectaculaire, son mandat avait été marqué par une recrudescence de la corruption et du factionnalisme, notamment de la part de M. Bo Xilai, dirigeant de Chogqing (municipalité de trente millions d’habitants !) et de M. Zhou Yongkang, ancien chef tout puissant de la sécurité intérieure. M Xi est persuadé que ces tendances pourraient freiner la revitalisation du pays et estime donc nécessaire de restaurer un pouvoir fort.
Si malgré (ou grâce ?) à cela, il reste extrêmement populaire, c’est que tout le long de l’histoire chinoise qui remonte à plusieurs millénaires, la population a appris qu’elle ne souffrait jamais autant que lorsque le gouvernement central était faible et divisé, comme au cours du siècle qui a suivi la guerre de l’opium (1839-1942) pendant lequel elle fut ravagée par les invasions étrangères, les guerres civiles et les famines. De façon générale, il est difficile de comprendre l’acceptation du peuple chinois envers les décisions centralisées et parfois autoritaires du parti si on ne la rapporte pas à la mémoire des terribles souffrances qu’il a endurées dans son histoire. Souffrances liées aux contraintes de la nature qui occasionnent des disettes et des famines (pratiquement une par an depuis le début l’ère chrétienne), à la mortalité très élevée, notamment la mortalité infantile et enfin aux incessants soulèvements de généraux ou révoltes paysannes qui entretenaient un climat permanent de guerre civile. Cette situation de misère paysanne généralisée (due aussi à l’insuffisance des rendements agricoles) et de faiblesse politique centrale a entrainé à la fin du XIXème siècle un quasi- dépècement territorial et économique de l’« Empire du milieu » de la part des puissances étrangères dont la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Russie, la France et surtout le Japon qui a envahi militairement le pays. Il semble évident que le souvenir de cette humiliation et de cette souffrance est un trait dominant de la mentalité populaire chinoise.
LIRE LA SUITE :