[REPORTAGE] Sans valise ni cercueil, les PIEDS-NOIRS restés en ALGÉRIE
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Mai 2008
Depuis quarante-cinq ans, les rapatriés ont toujours soutenu l’idée qu’ils avaient été « obligés » de quitter l’Algérie au moment de l’indépendance en 1962, car, menacés physiquement par les « Arabes », ils n’auraient pas eu d’autre choix. Pourtant, à la fin de la guerre, deux cent mille pieds-noirs ont décidé de demeurer dans le nouvel Etat. Témoignages de personnes qui y vivent encore aujourd’hui.
Un reportage de Aurel et Pierre Daum
Alger, janvier 2008. Pour trouver la maison où habite Cécile Serra, il vaut mieux ne pas se fier aux numéros désordonnés de la rue. En revanche, demandez à n’importe quel voisin : « Mme Serra ? C’est facile, c’est la maison avec les orangers et la vieille voiture ! » Cécile Serra reçoit chaque visiteur avec une hospitalité enjouée. Dans son jardin magnifiquement entretenu par M. Mesaour, son voisin, trône la carcasse rouillée d’une Simca Aronde modèle 1961. « Ah ! On en a fait des balades dans cette voiture avec mon mari ! Tous les week-ends, on partait à la pêche avec un groupe d’amis ; il y avait M. Gabrière et M. Cripo, avec leur femme. Jusqu’en 1981. Puis mon mari a commencé à être fatigué. Mais du bon temps, on en a eu ! »
A écouter les récits de cette délicieuse dame de 90 ans à l’esprit vif et plein d’humour, on aurait presque l’impression que la « révolution » de 1962 n’a guère changé le cours de son existence de modeste couturière du quartier du Golf, à Alger. « Et pourquoi voulez-vous que ça ait changé quelque chose ? vous apostrophe-t-elle avec brusquerie. J’étais bien avec tout le monde. Les Algériens, si vous les respectez, ils vous respectent. Moi, j’ai jamais tutoyé mon marchand de légumes. Et aujourd’hui encore, je ne le tutoie pas. »
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