PAROLES DE SALARIÉE : « On ne vit plus, on survit »
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« On ne vit plus, on survit » : Véronique, en grève depuis 48 jours à Bergams
En grève depuis 48 jours contre un APC (accord de performance collective) imposé par leur direction en mai dernier, les salariés de Bergams ne baissent pas en détermination. Véronique, opératrice en poste depuis de longues années, nous a accordé une interview.
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Nous avons interviewé Véronique, salariée et gréviste à Bergams, entreprise agroalimentaire. En grève depuis 48 jours, ils se battent contre un APC (Accord de Performance Collective) que leur a imposé la direction en mai dernier, soi-disant pour répondre aux pertes provoquées par la baisse de commande durant la crise du COVID-19. Pourtant, les cadences ont augmenté et il semblerait que l’APC soit en réalité définitif. Alors même que les grévistes ne demandaient que le simple retour à leurs conditions de travail original, dorénavant, la direction menace tout simplement de liquider judiciairement l’entreprise, autrement dit, la fermeture et le licenciement de tous les salariés de l’entreprise.
Révolution permanente : Peux-tu te présenter ?
Véronique : Je travaille en tant qu’opératrice dans l’équipe du soir, je suis chargée d’« envoyer » le pain. Je suis en grève depuis 48 jours pour protester contre un APC que la direction nous a imposé, soi-disant pour sauver l’emploi.
RP : Comment la direction a justifié l’APC ?
Véronique : A cause de la crise du COVID, la direction nous a dit qu’on avait perdu la plupart de nos gros clients : Orly, Starbucks, Monoprix, etc. autrement dit, que l’entreprise recevait très peu de commandes. Donc nous, en tant que salariés, on s’est dit que c’était vrai et que, si on n’acceptait pas cet accord, on allait perdre notre emploi. D’autant plus qu’aux alentours, on voyait les autres sociétés qui coulaient une-par-une dû au manque d’activité. Concernant l’APC, ils l’ont fait voter par référendum, directement aux grévistes, il est passé avec 56 % de voix. Beaucoup des salariés avaient peur, et la direction le savait et n’y est pas pour rien. C’est-à-dire qu’elle appelait, directement chez eux certains salariés pour leur mettre la pression afin qu’ils votent à tout prix l’APC, leur faisant comprendre qu’autrement, ils perdraient leur job et l’entreprise fermerait. La direction leur demandait même de faire pression sur leurs collègues pour qu’ils fassent de même. Clairement, c’était du lavage de cerveaux. Dans le même genre, pendant les pauses repas, des membres de la direction venaient discuter avec les salariés pour les convaincre de signer l’accord, il leur répétait que, s’il ne signait pas l’APC, l’entreprise allait devoir fermer, et qu’après ça serait le chômage, et ça, tous les jours !
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