LA GRANDE SÉCU : LE BAL DES (NOMBREUX) HYPOCRITES
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Par Bernard TEPER
Cet article fait suite à l’article : https://www.gaucherepublicaine.org/editorial/refonder-la-secu-pour-realiser-la-republique-sociale/7427272 pour tenir compte du rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie (Hcaam).
Le fait nouveau est que notre ministre de la Santé, Olivier Véran, a pris l’initiative de demander au Hcaam d’étudier 4 variantes visant à réformer le système de remboursements des soins. Ou dit autrement, à changer ou pas l’articulation entre l’assurance-maladie et les organismes complémentaires santé.
Pour aller à l’essentiel, disons qu’à la lecture du rapport du Hcaam, il y a deux scénarios qui reprennent l’articulation actuelle avec des mesures secondaires et un scénario de type étasunien, c’est-à-dire le pire des systèmes sur le plan social et le plus juteux pour les multinationales de l’assurance. Plus la variante dite de la « Grande Sécu ». Mais en fait, le débat essentiel est le suivant : la « Grande Sécu » présentée par le gouvernement ou le statu quo – avec des modifications homéopathiques ou encore le pire venu des États-Unis.
Pour comprendre le bal des hypocrites qui vient de démarrer, il faut revenir à l’histoire de la Sécu, puis à l’analyse du réel existant pour répondre comme toujours à la seule question qui vaille « Que faire ? »
Priorité pour le néolibéralisme : détruire la Sécu
A partir de la Sécu de 1945-46 que nous avons présentée, dans l’article noté ci-dessus, comme la pointe sociale avancée du programme du Conseil national de la Résistance, la réaction s’est organisée pour détruire un à un les principes révolutionnaires de cette Sécu.
Les étapes de la démolition
La première attaque contre la Sécu est, dès le départ, l’opposition frontale de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF). Ambroise Croizat, favorable à une République sociale, secrétaire général de la fédération CGT de la métallurgie – qui fut avec ses lois de 1946 un des principaux concepteurs de la Sécurité sociale -, est favorable au principe d’unicité sur tout le territoire national. La loi Morice de 1947 écorne ce principe. Dans un entretien, Pierre Laroque, haut fonctionnaire porteur avec Ambroise Croizat de cette avancée sociale, déclarait : « Il aura fallu moins de six mois pour construire cette énorme structure. Cette réussite prouve l’attachement des gens. » Mais ce plan, dans ce qu’il pouvait avoir de “révolutionnaire” par sa volonté d’affirmer une solidarité nationale, a néanmoins buté sur l’obstacle de structures sociales existantes qui se sont révélées parfois plus puissantes que les forces de renouvellement. Les éléments conservateurs, qui aujourd’hui encore n’osent pas se dire contre la Sécurité sociale, recherchent toutes les raisons d’en critiquer les institutions, satisfaisant ainsi leur opposition « inavouée ».
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