À propos d’une chronique dans « Libération » qui fustige Fabien ROUSSEL…
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Par Guy Konopnicki
Je suis sidéré par la chronique de Daniel Schneidermann, dans « Libération », à propos de Fabien Roussel.
Schneidermann mêle deux événements, la polémique sur la définition du bon repas français, vin, viande et fromage et l'hommage à Charlie Hebdo, au siège du PCF, Place du Colonel Fabien, en présence de Xavier Gorce et de Caroline Fourest. Défendant tout à la fois la laïcité, le droit au blasphème, et une tradition culinaire française entre vin, viande et fromage, Fabien Roussel devient, pour le chroniqueur de Libé, suspect d'une dérive "lepéno-zemmourienne"...
Le candidat communiste avait répondu par un pied de nez aux crétineries qui circulaient sur la toile et à la bêtise de Sandrine Rousseau, en balançant sur tweeter la photo de la famille Roussel, attablée devant un couscous. Photo d'une famille populaire, heureux mélange d'une France qui ignore le racisme. On croyait la polémique close. Seulement, la chronique de Schneidermann était déjà écrite, elle est parvenue aux abonnés numériques de Libé en même temps que le tweet de Fabien Roussel.
Nous voici à l'extrême pointe de cette bêtise qui conduit, pour reprendre l'excellente formule de Jean-François Kahn, de la gauche plurielle à la gauche plus rien. Il faudrait, pour être de gauche, s'opposer à une laïcité qui heurte les cagots de l'islam, et s'abstenir de rendre hommage à Charlie, en invitant un dessinateur qui revendique le droit au blasphème, Xavier Gorce, et une journaliste et militante féministe, Caroline Fourest, qui refuse de considérer le port du voile comme une manifestation de la liberté des femmes. Et l'on serait carrément fasciste en valorisant la cuisine française !
Cette idiotie se divise en deux interprétations, l'une écolo végétarienne, l'autre fondée sur l'obligation de respecter les cuisines immigrées, la viande halal, et l'interdiction du vin...
Fabien Roussel se situe seulement dans la tradition républicaine et ouvrière, attaché à la laïcité comme à cet art de vivre populaire, qui fut toujours présent dans les manifestations du PCF. N'en déplaise aux écolos bêtifiants, le foie gras est arrivé dans le Sud-Ouest avec les réfugiés alsaciens de 1870, et les départements producteurs ont longtemps voté à gauche, comme Les Landes, fief d'Henri Emmanuelli.
L'Occitanie, qui est l'une des dernières régions présidée par une socialiste, Carole Delga, devrait-elle oublier le cassoulet, ou le réduire aux haricots, en l'expurgeant des charcuteries et du confit d'oie et en se privant de l'arroser d'un bon vin de la région ? Les fantasmes puritains des petits-bourgeois urbains sont proclamés culture de gauche, quand ils sont à l'opposé de l'histoire populaire, qui a toujours associé les luttes sociales aux moments festifs et aux joyeuses agapes fraternelles.
Schneidermann donne un sens politique aux traditions populaires, à ses yeux lepéno-zemmouriennes. Le nouveau modèle de gauche serait donc la communauté non mixte, exempte de laïcité, où l'on se nourrit d'une simple soupe de gruau, parfaitement végétarienne ? Une gauche de bonnes soeurs et de moines, à l'exclusion des Chartreux, des Bénédictins et autres producteurs de boissons interdites par la charia...
Guy Konopnicki
Écrivain
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