QUE SE PASSE-T-IL AU KAZAKHSTAN ? Révolte sociale ou tentative de « révolution orange » sur le modèle ukrainien ou encore scénario à la syrienne ?
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MAÏDAN OU RÉVOLTE SOCIALE
AU KAZAKHSTAN ?
Le point avec Sergeï KOZHEMYAKIN, correspondant de "la Pravda" en Asie centrale
Sergei Kozhemyakin, docteur en sciences politiques et correspondant du journal « La Pravda » en Asie centrale, explique à « PolitNavigator » comment la rébellion au Kazakhstan est perçue par les pays voisins.
Selon l'expert, les conditions préalables à l'éclatement des violences au cours de toutes les années précédentes ont été créées par les autorités kazakhes elles-mêmes, en flirtant avec l'Occident, avec les nationalistes et en favorisant les sentiments anti-russes.
Traduction Nicolas Maury
PolitNavigator : Bonjour, Sergei ! Que se passe-t-il au Kazakhstan ?
Sergei Kozhemyakin : Au Kazakhstan, il y a des manifestations massives, dont le terrain est préparé depuis de nombreuses années. Préparé, tout d'abord, par l'action des autorités. Avec le pillage des ressources naturelles au profit des plus riches, le pays a des niveaux élevés de pauvreté, de chômage et d'inégalité. La pandémie de coronavirus a exacerbé ces problèmes à l'extrême.
Dans ce contexte de niveaux de pauvreté importants, le nombre de milliardaires en dollars est passé de 4 à 7, et leur fortune combinée - de 12,7 à 24,1 milliards de dollars. Non seulement les autorités n'ont pas réussi à contenir la hausse des prix, mais par leurs actions, elles n'ont fait que l'encourager. Cela peut être vu dans l'exemple du gaz, dont le prix a doublé après la libéralisation des prix. Ce fut la goutte d'eau, après quoi la colère qui s'accumulait a fait irruption dans les rues.
Rappelons également que 2021 a battu le record du nombre de grèves. Elles ont eu lieu dans différentes régions, les travailleurs-travailleuses ont exigé une augmentation des salaires en réponse à la hausse des prix, de meilleures conditions de travail. De plus, l'activité de protestation la plus active était dans l'ouest de la république. Principale source de matières premières du pays et source de revenus du Kazakhstan, cette région souffre de problèmes sociaux non résolus. Pendant longtemps les autorités ont ignoré ces "appels".
PolitNavigator : Néanmoins, certains analystes soutiennent qu'il s'agit d'une "révolte populaire", et d'autres qu'une "ukrainisation" artificielle du Kazakhstan qui se déroule sous nos yeux. Et s'il s'agissait des deux, c'est-à-dire à la fois une « révolte populaire » fondée sur des motifs objectifs et des processus spécialement dirigés ? Un tel « mélange » ne conduirait-il pas au « Maïdan » pro-occidental du Kazakhstan ?
Sergei Kozhemyakin : En fait, « l'ukrainisation » du Kazakhstan est en cours depuis de nombreuses années et son auteur est le gouvernement lui-même. L'antisoviétisme et l'anticommunisme font partie de l'idéologie d'État ; au niveau officiel, le thème de l'« Holodomor kazakh » est promu avec un nombre fantastique de « victimes ». Les derniers monuments de Lénine sont démolis, des centaines de noms « non locaux » (soviétiques et russes) de rues, quartiers, villages, villes sont renommés. Le gouvernement flirte avec les forces nationalistes, y compris leurs représentants dans les organes de l'État.
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