POURQUOI JE REMPILE – Par François Ruffin
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Le mandat que vous m’avez confié, il y a cinq ans, se finit aujourd’hui. Je vais rempiler. Je vais me présenter à nouveau devant vous, devant les urnes. Pourquoi ?
« Ils ont sombré par millions dans la dépression. » Je viens de lire « Histoire d’un Allemand », de Stéphane Haffner. Alors que le nazisme séduit son pays, l’auteur est un jeune homme de bonne famille, se préparant à devenir juge, vivant des amourettes – et il livre ses « souvenirs » de cette époque, « 1914 – 1933 ». C’est presque une enquête sur ses états d’âme, sur les états d’âme de ses concitoyens, qu’il livre alors. Et cette phrase me marque : « Ils ont sombré par millions dans la dépression. »
Cette dépression de masse, en vérité cette dépression de l’élite – les chefs de parti, les magistrats, la presse furent les premiers touchés, les premiers à abandonner – cette dépression fut, au fond, le principal allié de Hitler : « A l’instant du défi, quand les peuples de race se lèvent spontanément comme un seul homme, les Allemands, comme un seul homme, se sont effondrés ; ils ont molli, cédé, capitulé. »
A notre tour, allons-nous mollir, céder, capituler ? Allons-nous sombrer par millions dans la dépression ? Il me semble qu’on ne comprend pas notre pays, aujourd’hui, après quarante ans de libre-échange, après cinq ans de macronisme, après deux ans de Covid, on ne comprend pas notre pays si l’on ne ressent pas cette dépression, qui rôde, qui ronge les coeurs, qui s’installe dans les esprits – et il faudrait établir le lien, le creuser, entre une France sous cachetons et cet abandon politique, ce lent glissement.
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