DISPARITION du « corps diplomatique » français : Pour les beaux yeux d’URSULA
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Le lundi 18 avril 2022, le Journal Officiel de la République a publié le décret présidentiel scellant la disparition du « corps diplomatique » français. Certes, on était prévenu, mais il était difficile de croire que cela arriverait. C’est choquant en soi, sur le fond et sur la forme.
Par Michel Raimbaud, ambassadeur retraité
Le fait qu’il ait été signé par Emmanuel Macron à quelques jours de la fin de son mandat et alors qu’il est candidat à la réélection, manque d’élégance et de finesse, pour ne pas dire de « légitimité ». Bien que l’on soit blasé, le passage au forcing d’un texte de cette importance, chargé d’une telle symbolique, fait mauvais effet. Il eût été bien venu que Monsieur Macron attende le résultat du second tour pour détruire une entité institutionnelle prestigieuse que beaucoup de pays nous enviaient. S’il n’est pas réélu, on pourrait dire au moins que cette précaution fair-play a sauvé notre diplomatie du naufrage : c’est bien ce dont il s’agit.
Une telle hâte paraît donc suspecte. Même si l’on considère, ce qu’à Dieu ne plaise, un mandat présidentiel comme un train électrique tiré de la hotte du Père Noël, il vaut mieux ne pas casser les accessoires les plus utiles et les moins coûteux. Après le Covid et l’Ukraine, ce serait de bonne guerre, si toutefois il est obligatoire de sauter d’une guerre à l’autre et à feu continu, afin de tenir la population en haleine et d’apparaître comme un « chef de guerre ».
En tout état de cause, voilà détruit par surprise, ou sans surprise étant donné le genre de république qui est en marche, l’outil prestigieux que la France s’était donnée au cours des siècles passés afin de mettre en œuvre contre vents et marées une politique étrangère de « grande nation ». Avec ses fulgurances et malgré ses turpitudes (guerres coloniales par exemple), la France a eu longtemps assez de prestige et parfois de brio diplomatique pour être respectée en tant que « grande puissance », à laquelle on « pardonnait » plus qu’à d’autres.
Talleyrand, Vergennes, le Général De Gaulle et quelques autres doivent se retourner dans leurs tombes et il y a de quoi. Car, il faut bien le dire, les prétextes, les justifications, les tentatives d’explication qui fleurissent et vont partir dans tous les sens, font bon marché de l’utilité fondamentale de la diplomatie, en particulier en ces temps de folie, d’hystérie collective, de pensée unique et de lavage de cerveaux. Parmi les institutions vitales qu’un Etat moderne doit entretenir et soigner, dans un monde où les échanges de toute nature s’intensifient, où les crises et les conflits se multiplient, où les hégémonies sont remises en cause, on trouve en première ligne la diplomatie. Parmi les métiers de haute utilité, il y a sans conteste celui de diplomate, spécialement dans un pays bimillénaire comme la France, qui n’a rien d’une « start-up nation ». Ce n’est vraiment pas le moment de briser les cadres d’un appareil diplomatique qui est lui-même le fruit d’une longue tradition, au prétexte qu’il serait inadapté et inefficace tout en revenant cher.
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