GUERRE EN UKRAINE – Un entretien avec Jean-Robert Raviot, professeur de civilisation russe contemporaine à l’Université Paris-Nanterre
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Professeur de civilisation russe contemporaine à l’Université Paris-Nanterre, Jean-Robert Raviot a accordé à Royaliste (n° 1232) un entretien publié ici dans sa version intégrale.
Royaliste : On a beaucoup parlé en France de la folie de Vladimir Poutine ou d’une maladie altérant ses facultés intellectuelles. « L’opération militaire spéciale » résulte-t-elle d’une décision rationnelle et si oui comment l’expliquer ?
Jean-Robert Raviot : Je ne suis pas qualifié pour me prononcer sur la santé mentale de Vladimir Poutine. Mon analyse de ses décisions est politique. Il faut revenir à ce que j’appelle depuis longtemps le kremlinocentrisme du système politique russe. Le président de la Fédération de Russie est au sommet d’une pyramide, avec des pouvoirs formels assez importants de contrôle politique et administratif, de nomination et de révocation. Il est aussi au centre d’une galaxie informelle de pouvoirs qui sont à la fois politiques, administratifs, socio-économiques, industriels, militaires… Vladimir Poutine est à la fois au sommet de la pyramide et au milieu. Il est le pivot de tous les pouvoirs.
Nous sommes en présence d’un pouvoir autoritaire, dont l’autoritarisme s’est accru au fil des années et des quatre réélections, grâce à une forte légitimité populaire – encore renforcée par la guerre comme nous le verrons tout à l’heure. A mes yeux, “l’opération militaire spéciale” résulte d’une décision rationnelle.
Royaliste : Cette décision a-t-elle été concertée ?
Jean-Robert Raviot : La décision ne pouvait être prise que par le président. Mais il faut souligner que cette “opération spéciale” est un scénario qui existe depuis longtemps dans les cartons de l’armée russe. A un moment, ce scénario parmi d’autres est devenu un projet, plusieurs semaines avant l’invasion. J’estime que les dirigeants russes sont probablement passés du scénario au projet après le 17 décembre 2021, lorsque les propositions russes de traité avec l’Otan et les Etats-Unis ont été rejetées. C’est alors que le recours à la force a été décidé, au vu de l’échec de la diplomatie, pour obtenir ce que la Russie veut depuis une vingtaine d’années au moins : obtenir des garanties de sécurité de la part des Etats-Unis et de l’Otan sur le non-déploiement de missiles nucléaires à ses frontières et sur l’instauration d’une zone neutre, démilitarisée, entre la Russie et l’Otan.
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