Malgré le bon score de Mélenchon, la GAUCHE n’est pas sortie de la CRISE – Par Michel Dreyfus
Historien, directeur de recherche émérite au CNRS et coordinateur du récent « Crise de la gauche » (Hermann), Michel Dreyfus estime dans une tribune que le bon score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l'élection présidentielle ne signifie pas que la gauche va mieux.
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Le bon score réalisé dimanche dernier par Jean-Luc Mélenchon ne doit pas masquer la profondeur de la crise traversée par la gauche. Cette crise s’explique par de nombreux désaccords qui entraînent sa division et son incapacité à se rassembler durablement. Cette situation est d’autant plus alarmante que le Rassemblement national n’a cessé de progresser depuis vingt ans dans toutes les élections présidentielles. L’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour en 2002 avait constitué un choc pour l’ensemble de la gauche, comme en avait témoigné l’ampleur des manifestations du 1er mai quelques jours après le premier tour.
Le contraste est ici total avec ce que nous venons de vivre : on savait pourtant depuis des mois que la gauche serait battue alors que l’extrême droite progressait largement. Ce constat n’a servi à rien. On a eu affaire à des querelles d’ego, à des comportements de somnambules, marchant droit à la catastrophe qui se préparait au vu et au su de tous.
LES CONSÉQUENCES DE LA DIVISION
L’absence de toute esquisse de démarche unitaire de la part de Jean-Luc Mélenchon lui a interdit l’accès au second tour. Or la dynamique unitaire a été un facteur essentiel pour la gauche quand elle a réellement pesé dans la vie politique. Mais la construction de cette dynamique demande du temps. La victoire du Front populaire en 1936 a été possible parce que la SFIO, le Parti socialiste de l’époque, et le PC avaient su deux ans plus tôt surmonter leurs rivalités, vieilles de plus d’une décennie.
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